La mort aux trousses | lecrandumardi

Films policiers

La mort aux trousses (1959)

Tout commence par un quiproquo : le paisible publiciste Roger Thornhill est pris pour un certain Georges Kaplan, agent secret, par les hommes de main d'un certain Philip Vandamm, qui le kidnappent et manquent de le tuer. Alors qu'il cherche à prouver son innocence, il se retrouve accusé du meurtre d'un diplomate au Palais des Nations-Unies et est, dès lors, recherché par toutes les polices d'Amérique. Dans le train pour Chicago où il s'est réfugié, l'infortuné fait la connaissance d'Eve Kendall, une belle et mystérieuse jeune femme, qui se laisse séduire par lui et semble vouloir l'aider...

1/3

En résumé

États-Unis / 1959 / 2 h 16 min.

Réalisateur(s) : Alfred Hitchcock

Acteur(s) : Cary Grant, Eva Marie Saint, James Mason,...

Alfred Hitchcock, le maître du suspense

Alfred Hitchcock est né le 13 août 1899 à Leytonstone au Royaume-Uni et est mort le 29 avril 1980 à Bel Air à Los Angeles aux États-Unis.

Il fait des études dans une école technique puis aux Beaux-Arts de Londres, et entre dans le cinéma en dessinant des cartons pour illustrer les films muets. A 23 ans, il tente de réaliser un premier film, Number Thirteen, qui n'aboutira pas. Il essaye alors différents métiers du cinéma: assistant réalisateur, co-scénariste, décorateur, monteur… Puis, en 1925, il se remet à réaliser des films et connaît enfin le succès en 1927 avec The lodger, un thriller (déjà !) inspiré de l'histoire de Jack L'éventreur. Il tourne ensuite une petite dizaine de films jusqu’à la fin de la période du muet, en 1929. Cette même année, son producteur décide de lui faire réaliser le tout premier film parlant britannique, Chantage, gros succès public et critique. Suivent deux autres succès, L'homme qui en savait trop (1934 – il en fait un remake en 1956) et Les 39 marches (1935) où il affirme les bases de son cinéma : des héros impliqués malgré eux dans une histoire sordide et le célèbre effet "MacGuffin". Ce procédé consiste à faire croire au spectateur qu'un élément de l'intrigue, un personnage ou, le plus souvent, un objet mystérieux, ont beaucoup d'importance dans le dénouement de l'histoire alors qu'en fait, il n'en est rien.

Vers la fin des années 1930, Alfred Hitchcock commence à jouir d'une certaine réputation auprès du public américain. Un grand producteur, David O. Selznick, lui propose de venir travailler à Hollywood. Hitchcock accepte, s'installe en Californie en 1939 et tournera ensuite là-bas quasiment tous ses films suivants. Il serait trop long de vouloir ici raconter toute cette carrière américaine. Mais c'est là qu'il crée ses films les plus célèbres : Rebecca (1940), Soupçons (1941), Les enchaînés (1946), Le crime était presque parfait (1954), Fenêtre sur cour (1954), L'homme qui en savait trop (1956), Sueurs froides (1958), La mort aux trousses (1959), Psychose (1960), Les oiseaux (1963),... Son dernier film est Complot de famille en 1976. Alfred Hitchcock est resté pour le public et la critique le "maître du suspense", et son influence rejaillit encore aujourd’hui sur de nombreux cinéastes.

De l'art de manipuler le spectateur

La mort aux trousses est le 23ème long-métrage d’Alfred Hitchcock, réalisé à un moment où son succès est déjà bien confirmé. De son vivant pourtant, certains critiques lui ont reproché de n'être qu'un habile cinéaste de divertissement… Il est vrai que la vision de La mort aux trousses est d'abord un pur plaisir d'action et d'humour, autour d'une histoire qui semble assez invraisemblable. C’est un film plutôt léger, bien différent des monuments d'angoisse et de violence que seront plus tard Psychose ou Les Oiseaux.

Mais si ce plaisir est aussi efficace, c'est justement parce qu’Hitchcock maîtrisait l'art d'embarquer le spectateur grâce à un sens aigu de la mise en scène et un souci du détail qui incitent le spectateur à chercher lui-même des indices. Le suspense et l’action sont également soutenus par une musique de circonstance, œuvre de son compositeur attitré Bernard Herrmann. Ainsi, le spectateur est en permanence impliqué dans l’action.

On est d'abord tout autant perdu que Roger Thornill, puis on comprend l'intrigue en raisonnant comme lui à partir d'indices laissés par le cinéaste. Il y a ceux, évidents, que trouvent Tornhill, mais aussi ceux qu'Hitchcock choisit de ne montrer qu'au spectateur (un revolver caché derrière le dos d'un truand par exemple). Le moteur du film est la recherche de la satisfaction du public, la fameuse "direction de spectateurs" que professait Hitchcock. Pour cela, le grand réalisateur se donne des moyens ! La Mort aux trousses est un film à gros budget, et même le film le plus cher de sa carrière. C’est la première fois qu’Hitchcock tourne pour un gros studio, la MGM. De nombreux décors ont été construits exprès, il y a des effets spéciaux et des stars qu'il faut payer : c'est bien une superproduction ! Certains critiques prétendent même y voir le premier film d’action moderne dont John Mc Tiernan (réalisateur de la saga des Die Hard avec Bruce Willis), Steven Spielberg ou James Cameron (Alien, Avatar…) seraient les héritiers.

La mort aux trousses est un film d’espionnage, un genre qui n’intéressait pas particulièrement Hitchcock mais qu’il s’est plu à mettre en scène car cela lui permettait de brouiller des pistes. Hitchcock avait donné juste deux instructions à son scénariste, Ernest Lehman : qu’il y ait un meurtre aux Nations Unies et une poursuite sur le Mont Rushmore ! Celle-ci a d’ailleurs fait polémique car de nombreux américains étaient choqués que soient foulés ainsi les visages des grands présidents américains… Hitchcock n’a pas eu l’autorisation de tourner sur place et a dû reconstituer le célèbre Mont en studio avec des toiles peintes et des statues en ciment.

Le film connut néanmoins un très gros succès critique et commercial. La suite de son parcours fut beaucoup moins divertissante… Avec Psychose (1960) puis Les oiseaux (1963), Alfred Hitchcock a poussé le suspense vers l’angoisse, la vraie !