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Cinéma d'animation

L’étrange Noël de
Monsieur Jack (1993)

Jack Skellington, le « Roi des citrouilles », est le grand ordonnateur des fêtes de la ville d’Halloween. Fatigué et désireux de changer de vie, il part et découvre par hasard la ville de Noël où tout n’est que joie. Il rentre à Halloween avec la ferme intention de prendre la place du Père Noël qu’il fait kidnapper par trois garnements. Mais quand il part offrir aux enfants des cadeaux macabres, c’est la panique…

En résumé

Etats-Unis /1993 / 1 h 16 min.

Réalisateur(s) :  Henry Selick
Sur une idée et un scénario de Tim Burton

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Tim Burton, un drôle de zèbre à Hollywood
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Né en 1959, Tim Burton grandit à Burbank, une banlieue de Los Angeles, pavillonnaire et triste à son goût. Son père travaille dans un parc d’attraction, sa mère tient une boutique de décoration, il a un frère, Daniel, dont il ne parlera jamais. Il s’éloigne d’ailleurs assez jeune de ses parents et entretiendra très peu de liens avec eux par la suite. Enfant solitaire, Tim Burton s’évade par le cinéma et surtout le cinéma fantastique, en particulier les films truqués par Ray Harryhausen (voir fiches de Jason et les argonautes et Le 7ème voyage de Sinbad) ou les films de monstres produits par la Hammer (voir fiche Le chien des Baskerville). Il y gagne la conviction que « les monstres étaient incompris et qu’ils avaient généralement plus de cœur et d’âme que les humains autour d’eux ». Une façon de décrire la monstruosité que l’on va retrouver dans nombre de ses films, de Batman à Dark Shadow en passant, bien sûr, par L’étrange Noël de M. Jack… Immédiatement reconnaissables, ses films ont un style qui suscite enthousiasme ou rejet mais ne laissent pas indifférent.

A l’adolescence, Burton s’essaye au cinéma amateur et surtout dessine, ce qui lui vaut d’obtenir une bourse pour intégrer le California Institute of Arts (CalArts), école fondée par les Studios Disney pour repérer les dessinateurs talentueux. En toute logique, il entre ensuite chez Disney… C’est donc par le cinéma d’animation qu’il commence sa carrière mais il n’y trouve pas pleinement satisfaction. En effet, embauché pour travailler sur Taram et le chaudron magique et Rox et Rouky, il reproche aux Studios Disney une vision du dessin, trop mièvre, qui n’est pas la sienne. Néanmoins ce sont eux qui lui permettent de financer en 1982 son premier court-métrage, Vincent. En noir et blanc, utilisant à la fois des techniques de stop-motion et de dessin animé, ce film raconte l’histoire d’un petit garçon qui se prend pour Vincent Price - un grand acteur de films d’horreur des années 50 qu’admire Tim Burton - et vit ainsi des histoires macabres et fantastiques. Il remporte des prix dans de nombreux festivals, ce qui décide Disney à produire un deuxième court, cette fois tourné avec des acteurs, Frankenweenie, film dont il réalisera en 2012 un remake animé. Là encore le sujet est macabre : c’est l’histoire d’un jeune garçon qui décide de faire revivre son chien écrasé par une voiture. Recousu de partout donc effrayant, le chien sera rejeté par l’entourage du garçon…

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Ces deux films contiennent déjà ce qui fera l’essentiel du cinéma de Tim Burton : d’un côté un univers peuplé de monstres que l’on découvre pas si effrayants que ça et de l’autre le vrai monde, normal mais recelant en fait une autre forme de monstruosité qui conduit au rejet de l’être différent. Chaque monstre créé par Burton n’est autre qu’un double de lui-même, qui se sent mal intégré et rejeté. Heureusement, le succès aidant, Tim Burton s’essayera à d’autres genres de films, sans doute rassuré sur sa personne ! On peut par exemple citer la science-fiction avec Mars Attacks ! (1996) ou La planète des singes (2001), la biographie avec Ed Wood (1994) ou Big eyes (2014)… En 35 ans de carrière, Tim Burton a livré une œuvre foisonnante et variée à voir dans son intégralité !

Un étrange mais magique Noël
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L’idée originale du film remonte aux années Disney. Burton avait à l’époque écrit un poème sur Noël mélangé à Halloween et en avait fait un projet de film. Il dessine croquis et story-boards et présente le tout à divers producteurs de Disney, intéressés mais pas convaincus. Ils le seront après le succès de ses premiers films, Beetlejuice (1988) et Batman (1989)… Qui donne aussi confiance à Tim Burton pour se lancer dans une telle aventure. Il est de toute façon obligé de retravailler avec Disney : ils ont conservé tous ses textes et croquis en vertu du contrat signé à l’époque. Mais si le studio est emballé, il en fait néanmoins assurer la production par une de ses filiales, Touchstone, pas sûr que son esprit macabre soit dans la ligne de ses habituelles productions pour le jeune public… Tim Burton reprend son poème de départ et, après avoir en vain essayé d’en faire un scénario, se tourne vers un autre de ses amis, Danny Elfman, compositeur des musiques de ses films. Elfman écrit des chansons et ce sont elles qui donneront finalement la trame du scénario. Si les films de Tim Burton sont presque tous indissociables des musiques de Danny Elfman qui contribuent à leur univers si singulier, c’est encore plus vrai pour L’étrange Noël de M. Jack !

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Tim Burton peut donc se lancer dans ce sixième film… qu’il ne réalise pas ! C’est en effet un autre de ses amis, Henry Selick, rencontré chez Disney, qui est chargé de ça, car Tim Burton travaille en parallèle sur Batman, le défi, et cette grosse production l’accapare. Henry Selick est un spécialiste de l’animation en image par image, ou stop-motion. A l’époque, il a réalisé plusieurs publicités ou courts-métrages utilisant cette technique. Et il travaillera toujours avec ensuite, notamment pour deux autres films : James et la pêche géante, une adaptation de Roald Dahl pour Disney en 1996 et plus récemment Coraline (2009), un conte macabre qui fait un peu penser à L’étrange Noël… Les deux hommes se comprennent parfaitement, Henri Selick réussit à mettre en images l’univers fantastique de Burton.

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Il faut créer une soixantaine de personnages différents avec une armature métallique qui permet de les animer, recouverts de mousse de latex puis peints et habillés. Chaque personnage a son double, voire son triple, pour faciliter la mise en scène, et les visages sont interchangeables. Jack, par exemple, nécessite près de 800 têtes différentes ! Ce souci du détail fait la grande qualité de L’étrange Noël, en plus de son scénario très original et bien construit, rythmé par ses chansons qui sont aujourd’hui presque aussi connues que le film.

 

A sa sortie, celui-ci rencontre un succès modeste : Disney ne sait pas trop comment le distribuer et développe moins les produits dérivés que pour ses productions habituelles. Mais, progressivement, L’étrange Noël de M. Jack parvient à convaincre un public international et devient culte… Jusqu’à ressortir en 2007 dans une version restaurée et en 3D, à grand renfort de publicité cette fois. Comme quoi un grand film finit toujours par trouver son public… et ne se démode jamais !

Joyeux Noël et Halloween à tous !

Vincent (à gauche) et Frankenweenie (à droite)

Henry Selick, Tim Burton et Danny Elfman

Du temps, il en faut, car un film d’animation aussi réussi ne se fait pas en un jour… Il faudra presque 3 ans pour celui-ci ! Henry Selick et Tim Burton choisissent en effet de travailler de façon artisanale, avec très peu d’effets numériques. Ils mobilisent près d’une centaine de personnes, des maquettistes, des techniciens, des animateurs, et investissent un studio de San Francisco où tous fabriquent patiemment des marionnettes d’une vingtaine de centimètres et des décors à l’échelle.

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