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Comédies

Les Dieux sont tombés

sur la tête(1980)

Dans le désert du Kalahari, une bouteille de Coca-Cola jetée d'un petit avion qui survolait la région atterrit parmi une tribu de bushmans qui n’ont aucun contact avec le monde extérieur. Cet objet incongru tombé du ciel ne peut être qu'un cadeau des Dieux… Mais il déclenche vite la convoitise et la discorde ! La tribu envoie alors Xi, un courageux chasseur, le rapporter aux confins du monde…

Bostwana / 1980 / 1 h 44 min.

Réalisateur(s) : Jamie Uys

Acteur(s) : N!Xau, Marius Weyers, Sandra Prinsloo,...

En résumé
Le plus gros succès du cinéma africain
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Le réalisateur, Jamie Uys, est originaire d’Afrique du Sud. Il y est né en 1921 et mort en 1996. Il est l’un des rares cinéastes de ce pays à avoir réussi à faire une carrière internationale, en grande partie grâce au succès de ce film : Les Dieux sont tombés sur la tête. Il en avait réalisé d’autres auparavant mais diffusés uniquement dans son pays et quelques pays voisins.

En effet, de 1948 à 1991, les dirigeants de ce pays, des Blancs installés depuis la colonisation au 17ème siècle, ont instauré un régime de ségrégation raciale appelé « Apartheid ». Dans ce système, seuls les Blancs détiennent le pouvoir. Les Noirs qui ont tenté de s’y opposer ont fini assassinés ou emprisonnés, tels Nelson Mandela qui a passé 27 ans en prison. Ce régime a été dénoncé par la plupart des pays du monde qui ont décidé d’un embargo interdisant au pays d’exporter ses ressources, dont ses œuvres culturelles. C’est pour contourner cet embargo que Jamie Uys a fait produire son film au Bostwana, un pays voisin, afin de pouvoir le distribuer partout dans le monde. On lui a d’ailleurs reproché de ne pas parler dans son film de la situation politique en Afrique du Sud, mais son propos était clair : il affirme avoir voulu faire une comédie, et rien que ça. Le cinéma ne peut pas toujours être politique !

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Ce film a remporté un immense succès et a même reçu en France le Grand Prix du festival du film d'Humour de Chamrousse en 1982. Jamie Uys a pu en tourner une suite en 1989, Les Dieux sont tombés sur la tête 2, un peu moins réussie. Il a également sorti deux montages de caméras cachées tournées dans son pays, Dieu me savonne (1976) et Les anges se fendent la gueule (1983). Tous ses autres films (une vingtaine, principalement des comédies et des films animaliers) ne sont connus qu’en Afrique du Sud.

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Comédie et écologie

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Les Dieux sont tombés sur la tête est une vraie comédie, de nombreux gags sont franchement drôles. La grande naïveté du chasseur Bushman, N!Xau, fait merveille face à la complexité de notre civilisation… Andrew, qui lui apporte de l’aide, est un véritable gaffeur, un peu comme le François Pignon du film La Chèvre

Au-delà de la comédie pourtant, le film dénonce avant l’heure les problématiques écologiques : la bouteille de coca et tout ce qu’elle déclenche n’est jamais qu’un déchet balancé de manière négligée par un humain… La scène d’introduction montre bien la vanité du monde moderne qui ne soucie que d’aller toujours plus vite pour gagner plus d’argent. A l’inverse, les Bushmans sont présentés comme purs, préservés de tous les défauts du reste du monde. C’est pour éviter qu’ils ne deviennent mauvais que N!Xau décide de rapporter la bouteille à ceux qu’il pense qu’ils l’ont envoyée, les Dieux. Si Jamie Uys se défend de faire de la politique, en revanche son passé de cinéaste animalier l’a rendu sensible à la préservation de la nature et du monde sauvage.

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Les Bushmans, un peuple oublié
 
Le film a fait découvrir au monde entier la tribu des Bushmens ou Bochimans. Jamie Uys les présente comme complètement isolés du reste du monde. Dans la réalité, ce peuple présent sur le sud de l’Afrique depuis plus de 40 000 ans a connu des expulsions successives de son territoire en fonction des colonisations, d’abord par d’autres peuples africains puis par les Hollandais qui se sont installés dans cette région à partir de 1652. Ils y ont organisé la mise en esclavage des populations noires puis ont conquis l’intérieur du pays pour y établir de grandes fermes. Ils ont également exploité les ressources minières, dont les mines de diamant, responsables d’une des dernières expulsions des Bochimans dans les années 2000. Aujourd’hui, seulement 3000 d’entre eux vivent encore de façon nomade dans le désert du Kalahari mais sont confinés dans des réserves, comme les aborigènes en Australie. Les autres (près de 100 000) ont été sédentarisés de force et vivent souvent dans des conditions misérables…

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Le film ne montre pas clairement ces problématiques mais, en mettant dos à dos la civilisation “pure” des Bochimans contre celle pleine de stress et de violence des citadins, il leur rend indirectement hommage.

 

Jamie Uys a recruté un vrai Bushman pour jouer le rôle principal : N!Xau. Son nom est difficile à prononcer pour un occidental… Le point d’exclamation correspond à un claquement typique de la langue parlée par les Boschimans. Pour son rôle dans Les dieux sont tombés sur la tête, N!xau n’a reçu initialement qu'un cachet de 300 $, alors que le film en a remporté plus de 60 millions... Mais bien vite la faiblesse de ce cachet a été reprochée au réalisateur qui lui a versé ensuite 20 000 $ sur un compte à son nom. Puis N!Xau a touché beaucoup plus pour jouer dans le deuxième film.  Il a tourné ensuite dans quelques films de kung-fu puis est redevenu éleveur de bétail. Il est mort en 2003, à 58 ans, probablement de la tuberculose.

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Sur le DVD du film, on peut voir un documentaire en bonus, Voyage à Nyae Nyae, où le réalisateur rend visite à N!Xau des années après le film. Il le rencontre deux fois et à la première, N!Xau se montre très déçu de l’impact qu’a eu le film sur ses conditions de vie. Il pensait que cela allait changer les choses mais ce ne fut pas le cas, même l’argent qu’il avait gagné n’avait pas suffi à sortir les siens de la misère. Lors de la deuxième rencontre les choses vont mieux car des associations ont aidé son village à se développer, y construisant une école, y amenant le courant et des ordinateurs… N!Xau ose alors enfin aller parler du film aux enfants du village et s’en montre fier, disant qu’il a permis à son peuple de ne pas être oublié. C’est en effet sûrement le plus grand mérite qu’on peut lui trouver... avec  celui de nous faire rire bien entendu !

On vous encourage à regarder ce documentaire pour remettre les choses à leur juste place...

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Jamie Uys en repérage pour un film en 1994

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Bushmens en Namibie de nos jours

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