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Drames et récits

Kes (1969)

Dans un village du Yorkshire (nord de l’Angleterre), Billy Casper, 12 ans, vit entre sa mère, instable et uniquement préoccupée de retrouver un mari, et Jud, son demi-frère, un jeune homme violent qui travaille à la mine et passe le reste de son temps dans les pubs. Un jour, Billy découvre un jeune faucon dans un nid. Intéressé par cet oiseau sauvage, il vole un livre sur la fauconnerie dans une librairie et entreprend d’apprivoiser et de dresser l’animal, qu’il appelle Kes. Mr. Farthing, un de ses professeurs, découvre sa passion et est le seul à l’encourager. Car le quotidien de Billy est loin d’être facile, entre sa famille difficile et un système scolaire rigide incapable de lui faire une place…

En résumé

Royaume-Uni / 1969 / 1 h 50 min.

Réalisateur(s) :  Ken Loach

Acteur(s) :  David Bradley, Freddie Fletcher, Colin Welland,...

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Ken Loach et le renouveau du cinéma britannique dans les années 70
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À la fin des années cinquante, le cinéma anglais connaît une crise grave. En effet, les quelques studios qui existent encore tournent essentiellement pour le voisin américain et son énorme industrie anglophone. Seuls les films d’horreurs de la Hammer connaissent un vrai succès international.

En réaction, de jeunes cinéastes lancent un mouvement de réalisation et de promotion de films documentaires, diffusés dans des théâtres ou à la télévision, le « Free cinema ». D’autres s’en inspirent pour réaliser des fictions qui traitent de sujets plus sociaux et plus représentatifs des préoccupations quotidiennes des anglais, avec essentiellement des ouvriers pour héros. C’est le début d’une « Nouvelle vague » britannique, qui naît presque en même temps que la Nouvelle vague française et revendique la même manière libre de filmer en laissant les images parler d’elles-mêmes. Kes est d’ailleurs souvent comparé au film Les 400 coups, de François Truffaut. Comme le cinéaste français mais 10 ans après lui, Ken Loach démarre sa carrière cinématographique par un film magnifique et dur sur l’enfance.

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En cette fin des années 60, Ken Loach s’inspire de ce cinéma et s’apprête à en devenir l’un des principaux maîtres. Né en 1936 dans un milieu modeste, il fait des études de droit à Oxford pour finalement choisir d’être acteur de théâtre. Puis il entre à la télévision où il réalise des épisodes de série, puis un premier téléfilm, Cathy come home (1966), qui raconte l’histoire d’un couple détruit par le chômage.

Cette thématique sociale ne le quittera plus, de son premier film de cinéma, Kes, à des réalisations plus récentes telles My name is Joe (1998), Sweet Sixteen (2002) ou La part des anges (2012). Il réalise aussi quelques films controversés sur l’histoire de son pays tels Le vent se lève (Palme d’or à Cannes en 2006) qui traite du sujet douloureux de l’occupation anglaise en Irlande.

Ken Loach reçoit à nouveau la Palme d'Or en 2016 avec le film Moi, Daniel Blake qui raconte le parcours d'un menuisier proche de la soixantaine qui doit faire appel à l'aide sociale suite à des problèmes cardiaques.

​​Un cinéma militant

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Ken Loach exprime ses idées politiques dans son cinéma : très engagé à gauche, il est souvent présent dans les conflits sociaux, aux cotés des ouvriers, des dockers (qui travaillent dans les ports), des mineurs...

Il faut dire que l’Angleterre lui donne de la matière pour ses sujets ! Le pays a connu plusieurs gouvernements ultra-libéraux (dont le plus célèbre est celui de Margaret Tatcher) qui, en privatisant toutes les industries et les services publics, ont entraîné un chômage de masse. Ken Loach n’est pas le seul à avoir fait des films dénonçant la vie difficile des chômeurs anglais – voir ses prédécesseurs du Free Cinema. On peut citer aussi des films plus récents tels Billy Elliot (2000) de Stephen Daldry, dont le prénom est une référence explicite au héros de Kes. Il y a aussi les comédies sociales Les virtuoses (1996) et The Full Monty (1997) ou, encore, à la même époque, le plus confidentiel Secrets et mensonges de Mike Leigh (1996) et le très dur Trainspotting de Danny Boyle (1996).

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Mais Ken Loach a été le premier à proposer une façon de filmer qui s'inspire du cinéma documentaire et que l’on peut qualifier de réaliste. Il n’emploie que rarement des acteurs connus, préférant chercher ses interprètes dans la population qui a vraiment vécu les histoires qu’il raconte. Pour Kes, Loach organise ainsi un casting des les écoles de la ville de Bradsley ou il veut tourner son film. David Bradley, le jeune garçon qui incarne Billy, est fils de mineur et est remarqué pour son accent typique de la région. Ken Loach embauche aussi les camarades de classe de Billy et même quelques professeurs dans leur propre rôle !

 

Soucieux de calquer au mieux la fiction sur le réel, Ken Loach fait tout pour s'assurer que les acteurs expriment de façon aussi vraie que possible les sentiments de leurs personnages. Ainsi, il filme les scènes dans l'ordre du film alors que la plupart des cinéastes tournent de manière non chronologique. De même, il ne donne leurs dialogues aux comédiens que quelques minutes avant le début des prises. Il est fréquent que dans une scène, seuls quelques acteurs sachent ce qui va se passer. Les autres expriment un choc, de la tristesse ou de la surprise car ils sont réellement déroutés ou frappés par les évènements que le cinéaste met en scène.

Par exemple, dans Kes, David Bradley / Billy Casper, découvrant l'oiseau mort à la fin, croyait que le réalisateur avait réellement tué le volatile auquel il s'était attaché durant le tournage. En fait, le cinéaste avait utilisé, sans l'en avertir, un autre oiseau mort et semblable en tout point au vivant. Dur comme méthode, mais efficace !

 

Et le résultat est un film magnifique sur l'enfance, à voir absolument…

Les 400 coups de François Truffaut

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