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Drames et récits

Au revoir les enfants (1987)

En 1944, Julien est pensionnaire dans un collège catholique à  Avon, où sa mère l’a placé pour l’éloigner de Paris et le protéger. A la rentrée des vacances de Noël, il découvre trois nouveaux venus dont Jean Bonnet, un garçon fier et secret avec qui il se lie d'amitié. Mais la Gestapo rôde autour du collège et du Père Jean, qui pourrait bien dissimuler un terrible secret...

En résumé

France / 1987 / 1 h 42 min.

Réalisateur(s) : Louis Malle

Acteur(s) :  Gaspard Manesse, Raphaël Fejtö, Francine Manette...

Louis Malle, un rebelle dans le cinéma français 
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Louis Malle est né en 1932 dans le nord de la France. Sa mère est l’une des héritières des sucreries Béghin-Say, sa famille fait donc partie de la haute bourgeoisie française, un milieu que Louis rejettera en grandissant. Pendant la deuxième Guerre Mondiale et l'Occupation, il est envoyé dans différents internats catholiques, dont celui qu'il évoquera plus tard dans Au revoir les enfants.

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Adolescent, il aime réaliser des films avec la caméra 8 mm de son père. Il commence par étudier les sciences politiques puis finalement décide de devenir cinéaste et entre à l’IDHEC, école de cinéma parisienne, en 1953. Pendant ses études, il est recruté par Jacques-Yves Cousteau qui recherche un jeune assistant pour co-réaliser un documentaire sur les fonds marins. Il choisit Louis Malle, qui part avec lui pendant plusieurs mois sur le navire La Calypso. Le film sort en 1955 sous le titre Le Monde du Silence et il remporte la Palme d'or à Cannes…  Un beau début de carrière !

Mais Louis Malle ne peut continuer à tourner avec Cousteau car il s’est crevé les tympans lors d'une plongée. Il devient assistant réalisateur pour un grand cinéaste de l’époque, Robert Bresson, un des pères du mouvement artistique qui va s’appeler la Nouvelle Vague. Bien que débutant en même temps que la plupart de ses membres (François Truffaut, Jean-Luc Godard, Claude Chabrol...), Louis Malle ne souhaitera jamais rentrer dans ce mouvement, choisissant de mener son parcours sans être contraint par des manières de faire qui lui seraient imposées.

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Il réalise son premier long métrage à 25 ans, Ascenseur pour l'échafaud (1957), une histoire d’amants assassins et un hommage aux films noirs américains et à la musique de jazz. Le film remporte à nouveau un prix, le Prix Louis-Delluc. Malle s’attaque ensuite à des sujets délicats, voire tabous, se déroulant souvent dans son milieu bourgeois d’origine qu’il critique volontiers. Après l’adultère avec Les Amants (1958), Louis Malle évoque le suicide dans Le Feu follet (1960), mais réalise entre les deux une comédie farfelue, Zazie dans le métro (1960), d’après Raymond Queneau. Dans les années 70, il fait véritablement scandale avec Le souffle au cœur (1971) qui raconte l'amour incestueux entre une mère et son fils et surtout Lacombe Lucien (1974), qui décrit l'engagement d'un jeune homme dans la Collaboration après avoir été déçu par la Résistance. Parce que ces films sont dénués de jugement (pour Louis Malle le spectateur doit se faire sa propre opinion), il est vivement critiqué et décide de s’exiler aux États-Unis. Il y réalisera deux films aux sujets à nouveau délicats (La Petite sur la prostitution enfantine et Atlantic City sur la déchéance d’une ville au travers de ses habitants).

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Lorsqu'il revient en France en 1987, il s'attaque à nouveau au thème de l'Occupation en évoquant son enfance à cette période, un projet qui lui tient à cœur depuis longtemps. Ce sera Au revoir les enfants. Avec ce film, il renoue avec le succès, trois millions d’entrée et une pluie de récompenses, le prix Louis Delluc à nouveau mais aussi le Lion d'Or à Venise ainsi que de nombreux Césars.

Aucun de ses films ne se ressemble, Louis Malle a abordé des sujets différents et des formes différentes, y compris documentaires (il en a réalisé huit en plus du Monde du silence). Il se disait poussé par la curiosité et désireux de ne pas se répéter. Louis Malle meurt en 1995 à Beverly Hills, âgé seulement de 63 ans. Il reste l’un des cinéastes français les plus connus et un rebelle inclassable dont Au revoir les enfants n’est qu’une toute petite facette..

Louis Malle n’a compris qu’en grandissant ce qui leur était arrivé et il en a gardé un grand traumatisme et une certaine culpabilité. En effet, à l’inverse de Julien dans le film, il n’était pas ami avec les enfants juifs, il n’a compris qui ils étaient que quand ils ont été arrêtés. Il s’est imaginé ce qu’il aurait pu et dû faire s’il les avait mieux connus. Le film est donc un mélange de ses souvenirs (la pension, les Pères, les relations difficiles avec les autres élèves, les sanctions et la peur liée à la guerre) et de ses réflexions d’adulte sur le racisme et l’injustice.

Ce scénario lui tenait à cœur depuis longtemps, il y avait déjà réfléchi lors de la réalisation de Lacombe Lucien en 1974. Dans ce film, il s’était intéressé aux mécanismes qui conduisent un jeune ordinaire vers la haine de l’autre et la délation. On retrouve ce thème dans Au revoir les enfants avec le personnage de Joseph, jeune apprenti malmené qui dénonce les prêtres. Joseph n’a en réalité jamais existé, Louis Malle ne sait pas qui les a dénoncés. Mais ce personnage est un moyen de rappeler toute la complexité de cette période où tout le monde se méfiait de tout le monde…

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Louis Malle et Gaspard Manesse qui joue Julien, tel un double de lui-même qui joue

Le Mémorial de la Shoah à Jérusalem

Un douloureux souvenir d'enfance

 

Au revoir les enfants est sans doute le film le plus personnel du cinéaste, car il évoque une blessure d’enfance, sans être toutefois entièrement autobiographique. Louis Malle a bien été scolarisé pendant la guerre dans ce collège d’Avon, en Seine-et-Marne près de Fontainebleau. Et il a bien vu un jour la Gestapo emmener des enfants juifs qui y étaient cachés, ainsi que des prêtres de l’école

Dans la réalité, le jeune Jean Bonnet s'appelait Hans-Helmut Michel. Il était arrivé dans cet internat quelques mois avant Louis Malle et son frère Bernard. La Gestapo l’a arrêté le 15 janvier 1944, il fut envoyé à Drancy puis déporté à Auschwitz où il est mort. Le Père Jean du film a lui aussi existé, il s'appelait Lucien Bunel et, en religion, Père Jacques de Jésus. Pour avoir caché les trois enfants juifs dans le collège d'Avon, il fut également déporté, au camp de Mauthausen. Il est mort une semaine après la libération du camp. Il est honoré au mémorial de Yad Vashem à Jérusalem en tant que « Juste parmi les nations ». Cette histoire n’est que l’un des épisodes d’une période dramatique où les membres d’un peuple, les Juifs, ont été sciemment exclus puis déportés et exterminés pour beaucoup, en raison de leur religion. Ce génocide appelé la Shoah a fait six millions de morts.

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Si ce film a connu un tel succès à sa sortie en 1987, c’est aussi parce qu’il répondait à des préoccupations liées à un retour du racisme, notamment envers les populations arabes : Marche pour l’égalité et contre le racisme en 1983, suivie de la création de SOS Racisme en 1985 en réponse à la montée du Front National, mort de Malik Oussekine, battu par des policiers en marge d’une manifestation en 1986… Et surtout procès de Klaus Barbie, un ancien dirigeant nazi, rattrapé par la justice des années après ses crimes, comme pour rappeler que ceux-ci ne restent pas impunis. Malheureusement, encore aujourd’hui la lutte contre le racisme n’est pas terminée. Il est donc toujours indispensable de voir et revoir Au revoir les enfants…

Lacombe Lucien (1974)

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