top of page

Drames et récits

Le Roi des masques (1996)

Dans la Chine des années 1930, Wang est un vieil artiste itinérant, vivant sur une barque sur le fleuve avec son singe Général. Connu comme le Roi des masques, il maîtrise jusqu'à la magie l'art traditionnel du ″bian lian″, spectacle de transformation à l'aide de masques de soie.

Autonome, se contentant de peu, il souffre cependant de la disparition de son fils, bien des années avant. La tradition ne lui permet de transmettre les secrets de son art qu'à un héritier mâle. Il finit par acheter un garçonnet au marché aux enfants, restant sourd aux suppliques des fillettes…

En résumé

Chine / 1996 / 1 h 36 min.

Réalisateur(s) :  Wu Tian Ming

Acteur(s) :  Xu Zhu, Zhou Renying, Zhao Zhigang,,...

Wu Tian Ming ou la Nouvelle Vague à la chinoise
​

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Né en 1939 à San Yuan, dans la région du Shaanxi, Wu Tian Ming eut une enfance plutôt instable, obligé de suivre son père, chef de partisans communistes, dans les incessants déplacements de la guérilla. A la fin de sa scolarité, en 1960, il renonce à des études universitaires pour s’inscrire aux cours d’art dramatique des studios de films Xi’an à Pékin et y commence une carrière d’acteur. Pendant la Révolution culturelle, décidée par le dictateur Mao Zedong en 1966, comme il est peu engagé politiquement, il échappe aux persécutions envers les artistes (déportations, rééducations, exécutions…).

Il commence sa carrière cinématographique en 1979 comme coréalisateur de deux films avec un autre cinéaste débutant, Teng Wenji. C’est en 1983 qu’il réalise son premier film seul, La rivière sans balise, suivi rapidement de La vie en 1984. Mais c’est le film suivant, Le vieux puits, qu’il réalise en 1987, qui lui permet de faire reconnaître son talent en Chine et à l’étranger. Le film remporte le Grand Prix du 2e Festival de Tokyo et l'Occident découvre grâce à ce film l'existence d'un nouveau cinéma chinois, réaliste et poétique.

Nommé directeur adjoint puis directeur des studios de Xi’an, Wu Tian Ming y fait débuter les plus novateurs des cinéastes chinois, qu’on a appelés de «la cinquième génération», dont les films connaîtront enfin un vrai succès à l’étranger : Zhang Yimou (Le secret des poignards volants), Chen Kaige (Adieu ma concubine)… En déplacement aux États-Unis au moment de la répression des manifestations de la place Tien an men en 1989, Wu Tian Ming décide de rester dans ce pays quelque temps. Ce n’est qu’à son retour en Chine, en 1994, qu’il réalise à nouveau un film, Le Roi des masques. Le film remportera un énorme succès public et critique avec près de 30 récompenses dans des festivals à travers le monde ! Sur la fin de sa carrière, Wu Tian Ming réalise surtout des séries pour la télévision chinoise. Il est mort en 2014 à l'âge de 74 ans.

Un film chinois qui parle au cœur de tous
​

Le roi des masques est un drame social mettant en scène des problématiques typiquement chinoises : abandon des filles au profit des garçons, rigidité des règles ancestrales dans le théâtre traditionnel… Mais les valeurs que le film défend sont universelles et c’est sans doute pour cela qu’il nous touche autant.

Le sort réservé aux filles dans la société chinoise ne peut bien évidemment que révolter nos sociétés modernes. Mais comme dans beaucoup de pays (et ce fut le cas aussi en France), la Chine traditionnelle a fondé son organisation familiale sur l’autorité du père, qui se devait d’avoir une descendance masculine, car seul le fils pouvait perpétuer le culte des ancêtres, ciment de l’unité familiale. Aujourd’hui, hommes et femmes ont le même statut juridique mais la politique de l’enfant unique (pour lutter contre les problèmes de démographie) et la persistance des traditions entraînent toujours de nombreux abandons ou infanticides de fillettes….

​

Le vieil homme ne fait que subir cette tradition, plus celle de son art. Sa préoccupation principale, légitime, est commune à chacun d’entre nous : donner un sens à sa vie, transmettre son art et donc ce qu’il est aux générations futures pour vivre dans leur mémoire. D’où l’importance pour lui de se trouver un héritier. La tradition lui impose d’en choisir un mâle mais son cœur, heureusement, le portera vers un autre choix !

Le film montre ainsi sans complaisance le climat social de l’époque dans tout ce qu’il a de plus cruel. On comprend bien les inégalités considérables entre les responsables militaires ou gouvernementaux et le peuple. La grande pauvreté l’incite même à faire commerce d’êtres humains ! Le contexte culturel est lui aussi le reflet de ces inégalités, avec le contraste entre le spectacle de rue, réservé au peuple et dont les artistes se contentent de la charité, et le spectaculaire et magnifique opéra chinois, privilège de l’élite, dont les artistes sont des stars. Mais le personnage du Boddhisatva, bien que célèbre, est lui aussi prisonnier des traditions, condamné à n’être ni tout-à-fait un homme, ni tout-à-fait une femme…

L’amour inconditionnel d’une petite fille finira par faire changer les choses, c’est le principal message que veut faire passer Wu Tian Ming !

Emprunter le dvd dans les bibliothèques de Tours

Télécharger la fiche complète

Voir le film en Vàd

logo cnc.png
En savoir +
bottom of page