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Drames et récits

L'Ours (1988)

C’est l’histoire d’un ourson orphelin, inconscient et maladroit, qui est adopté par un ours solitaire. Il fera avec lui l'apprentissage de la vie et du mal, un mal que personnifient deux chasseurs lancés à leurs trousses. L'un de ces chasseurs, Tom, prendra peu à peu conscience de la dignité de la vie animale.

Attention spoiler ! Film à voir avant de lire la fiche !

En résumé

France / 1988 / 1 h 32 min.

Réalisateur(s) :  Jean-Jacques Annaud

Acteur(s) :  Tchéky Karyo, Jack Wallace, André Lacombe,...

Réaliser "L’Ours", un énorme défi...
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Le film est une adaptation d’un roman célèbre de l'écrivain américain James Oliver Curwood, Le Grizzly (The Grizzly King), publié en 1916. James Oliver Curwood (1878 - 1927) est, avec Jack London (Croc-Blanc, L’appel de la forêt), l'un des maîtres des récits sur le Grand Nord canadien. Le film a contribué à relancer le succès de ses livres. Mais avant Jean-Jacques Annaud, personne n’avait songé à l’adapter, contrairement aux œuvres de Jack London : en effet le récit s’attarde beaucoup sur les animaux, il fallait du temps et du courage pour s’attaquer à un tel projet…

Celui-ci démarre en 1981 : Jean-Jacques Annaud vient de terminer La Guerre du feu, un film qui se passe aux temps préhistoriques. C’est un succès et le producteur Claude Berri, enthousiasmé, fait signer à Annaud un contrat en blanc pour son prochain film, quel qu'il soit. Jean-Jacques Annaud demande alors à son scénariste, Gérard Brach, de réfléchir à une histoire populaire et familiale comportant des animaux. C’est lui qui pense au livre de Curwood qu’il a dévoré dans son enfance. Cela plaît à Jean-Jacques Annaud qui rédige son projet en quelques mots qu'il envoie au producteur :

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"Un ourson orphelin, un grand ours solitaire, deux chasseurs dans la forêt. Le point de vue des animaux"

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Et ça marche ! Claude Berry finance le film, qui devient une des aventures les plus incroyables du cinéma français : un budget de quelque 140 millions de francs, 109 jours de tournage, une équipe de 180 personnes et plus de 9 millions de spectateurs !

Entre le projet et le film, 7 ans s’écoulent, Jean-Jacques Annaud en profite même pour faire un autre film à succès, Le Nom de la Rose. Pourquoi autant de temps ? Tout simplement à cause des ours !

 

Quand le réalisateur va voir des dresseurs pour son projet, ceux-ci commencent par lui dire que c’est infaisable… En effet, dans la nature, la cohabitation entre un ours mâle adulte et un ourson est très rare, l’adulte peut même manger le bébé ! Malgré tout, les deux dresseurs américains, Doug Seus et Mark Wiener, relèvent le défi. Pendant 4 ans ils vont préparer les ours adultes pour le film. Doug Seus est le propriétaire de Bart, qu’il a recueilli à la naissance mais qui ne sait ni pêcher ni chasser. Et il doit aussi apprendre à faire semblant de se battre, faire semblant de boiter… Quand à Mark Wiener, il doit dresser Griz, un mâle, à interpréter la femelle du film ! Tous deux réussissent brillamment leur mission, y compris faire en sorte que les ours acceptent de cohabiter avec les deux oursons qui interpréteront à tour de rôle le petit héros du film.

​​Une habile dénonciation de la chasse

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Le film se termine par cette phrase : « Il y a une émotion plus forte à celle de tuer, celle de laisser la vie ». C’est une citation extraite du roman de James Oliver Curwood (parfois aussi attribuée à Rudyard Kipling), qui fut lui-même un grand chasseur avant de ranger son fusil pour écrire Le Grizzly. Il raconte dans son autobiographie avoir vécu la même scène que le chasseur du film : se retrouver face à un ours qui lui a laissé la vie sauve.

Dans ce film, le point de vue qui domine est celui de l’animal, et en particulier de l’ourson. Jean-Jacques Annaud dit d’ailleurs s’être immédiatement identifié à lui à la lecture du livre. Mais même si l’ourson nous fait craquer, Annaud n’a jamais voulu faire un film à l’américaine, dans lequel bien souvent l’animal n’est qu’un prétexte pour attirer les familles et augmenter les recettes. Les animaux y sont des héros présentés exclusivement de façon positive, exaltant leurs qualités de cœur, de courage et de fidélité, quand ils n’ont pas carrément la parole : des films avec un brave toutou tels Beethoven, des animaux marins en danger amis de l’homme (Flipper, Sauvez Willy), des animaux anthropomorphiques, c’est-à-dire avec toutes les caractéristiques des humains, utilisés pour se moquer de ces derniers (Comme chiens et chats)…

Ici les ours sont sauvages, ils tuent, se reproduisent mais savent aussi être solidaires. Ces attitudes et ces émotions sont communes à toutes les espèces supérieures du monde animal, y compris l’homme. Mais avec L’ours, Jean-Jacques Annaud ne fait pas de l’animal un humain ; il ramène au contraire l’humain à l’état animal en ne retenant que son attitude de chasseur et prédateur. En revanche, les grognements des ours ont été retravaillés et rendus plus humains, pour faire passer plus d’émotions. De même, l’attitude animale s’apparente parfois à celle des hommes, par exemple quand l’ourson essaye d’imiter l’adulte et nous attendrit par ses bêtises. Le spectateur accorde ainsi toute sa sympathie aux animaux et adhère entièrement au propos du film : une dénonciation de la chasse et de sa cruauté. Bien vu !

Jean-Jacques Annaud

Le tournage débute le 18 mai 1987. Bien que l'histoire se déroule au Canada, il se fait entièrement en Europe pour des raisons de proximité. Les paysages retenus, suffisamment ressemblants à ceux du Canada, sont les montagnes des Dolomites en Italie et celles de la Bavière en Allemagne et surtout celles du Tyrol en Autriche. Il se déroule dans des conditions souvent compliquées, notamment à cause de la météo.

Afin de mieux se vendre à l’international, les quelques dialogues des humains sont enregistrés en anglais, la version française est donc un doublage. Mais pendant presque tout le film, il n’y a pas de dialogues. Jean-Jacques Annaud renouvelle ainsi l’expérience qu’il avait menée pour La Guerre du feu, pour lequel il avait utilisé un langage préhistorique inventé exprès et basé sur l’intonation et les gestes. Il mise sur la puissance des images et du montage pour convaincre.

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