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Cinéma d'animation

Le fil de la vie (2003)

L'empereur d'Hébalon meurt dans des circonstances dramatiques, emportant dans la tombe un terrible secret. Comme les Hébaliens craignent que leurs ennemis de toujours, les Zérith, ne profitent de cette situation troublée pour les attaquer, la loi martiale est déclarée. Le jeune prince Hal Tara entreprend un long voyage pour venger la mort de son père. Ce chemin vers la vérité le mènera de manière inattendue vers le grand amour…

En résumé

Danemark / 2003 / 1 h 28 min.

​Réalisateur(s) :  Anders Ronnow-Klarlund

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Un cinéma jamais vu
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Une fois n’est pas coutume, on vous présente un film danois dans l’Écran du mardi ! Et un film absolument unique en son genre, entièrement tourné avec des acteurs un peu particuliers… Des marionnettes ! Le film de marionnettes est une catégorie classique du cinéma d’animation. Mais habituellement, les marionnettes sont animées en image par image (ou stop motion – on en reparle plus loin). Ici on est plutôt dans le registre du théâtre ou du spectacle filmé puisque ce sont des marionnettistes qui font bouger les personnages en direct devant la caméra. Et les fils deviennent un élément narratif : si le fil se coupe, la vie aussi…

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Le projet est né par hasard dans la tête du réalisateur, Anders Ronnow-Klarlund, alors qu’il visionnait une publicité utilisant des marionnettes. Il s’est demandé à quoi pourrait bien ressembler un monde peuplé de marionnettes ayant conscience qu’elles en sont. Anders travaillait à l'époque sur un scénario avec une auteure célèbre de poèmes et de pièces de théâtre, Naja Marie Aidt.  Tous deux souhaitaient écrire une histoire politique, dénonçant la guerre et ses horreurs. Ils décident donc de le faire avec des marionnettes et à la manière des contes danois qui ont bercé leur enfance,  notamment ceux de Hans Christian Andersen (1805-1875). Ses contes lui ont souvent servi à parler des difficultés de son époque : par exemple, dans La petite fille aux allumettes, Andersen dénonce la pauvreté, dans Le vilain petit canard la difficulté de s’intégrer quand on est différent… Le fil de la vie devient ainsi un conte politique assez classique, montrant des rivalités de pouvoir qui ont des conséquences dramatiques sur les plus faibles. Son récit s’inscrit aussi dans la tradition des spectacles de marionnettes, tels ceux de Guignol dont les déboires sont bien souvent adaptés de situations réelles vécues par les habitants des villages dans lesquels le théâtre s’installe…

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Anders Ronnow-Klarlund fait appel à un grand marionnettiste professionnel pour l’aider à réaliser son projet, Bernd Ogrodnik. C’est lui qui conçoit et construit les marionnettes puis dirige leur manipulation. Il doit rivaliser d’inventivité pour rendre les personnages expressifs malgré l’impossibilité de bouger leur bouche ! Chaque personnage est ainsi modelé en fonction de sa personnalité : on repère assez vite les bons et les méchants, les princes et les pauvres… Le plus gros défi technique est bien sûr de ne pas emmêler les fils !

La réalisation du film a nécessité 4 ans de travail, 115 marionnettes, 10 kilomètres de fil, une équipe technique de 150 personnes dont 22 marionnettistes professionnels… Un véritable tour de force !

De l’utilisation des marionnettes au cinéma
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Le cinéma d’animation est né presque en même temps que le cinéma, voire avant puisque les premières images projetées ont été celles de petits dessins animés en 1892, que son créateur, Emile Reynaud, appelait "pantomimes lumineuses". Puis, au début du 20ème siècle, un autre français, Emile Cohl, découvre le procédé d’animation en image par image, qu’il applique d’abord au dessin. Le principe est très simple et encore utilisé aujourd’hui par les plus grands studios : l’histoire est racontée en une succession de dessins photographiés l’un après l’autre avec chaque fois une petite évolution. C’est celle-ci qui va donner le mouvement, quand les images seront montées en un seul film ! Un bras qui se lève, une bouche qui parle, une feuille qui tombe… Tout ceci est décomposé et dessiné. Si Emile Cohl dessine page après page des personnages simples avec peu de décors, les dessins animés plus modernes utilisent la technique du cellulo, une feuille transparente qui permet de se superposer à un décor que l’on est ainsi pas obligé de reproduire. Aujourd'hui, presque tous les dessins animés sont fait par ordinateur...

Très vite Emile Cohl a l’idée d’appliquer cette technique à des personnages en volume. Il réalise dès 1910 Le tout petit Faust, un film de 5 minutes où il fait s’animer des poupées.

Mais c’est surtout un russe émigré en France, Ladislas Starevitch, qui rendra célèbre le cinéma de marionnettes. Né en 1882, Starevitch est d’abord entomologiste (spécialiste des insectes) à Moscou. Il veut réaliser des films pédagogiques mais devant la difficulté à filmer des insectes vivants, il a l’idée d’utiliser des animaux morts qu’il articule avec du fil de fer. Il réalise ainsi une série de films sur les scarabées qui rencontrent un certain succès. Puis il se lance dans le cinéma en prise de vues réelles en adaptant de grands classiques de la littérature russe. La première guerre mondiale interrompt son travail et quand elle se termine, il part s’installer en France, à Fontenay-sous-Bois, où il restera jusqu’à sa mort.

Il crée alors avec sa femme et sa fille un petit studio de réalisation de films de marionnettes. Il fait d’abord des courts-métrages : Les Grenouilles qui demandent un roi, Le Rat des villes et le Rat des champs, La Petite Parade ou encore L’Horloge magique. Puis, de 1929 à 1930, il réalise ce qui restera son chef d’œuvre, Le Roman de Renard (qui ne sort qu'en 1937), un film en noir et blanc encore salué aujourd’hui pour sa beauté et la qualité de ses marionnettes. Celles-ci ont une structure entièrement articulée en fil de fer et bois léger, recouverte ensuite de peau de chamois, y compris la tête, et habillée de divers tissus. La peau de chamois permet de créer des expressions diverses, les marionnettes sont aussi capables de bouger les yeux, la bouche, les paupières ou les sourcils.

Dans Le Fil de la vie, les marionnettes sont en bois sculpté pour la plupart, leurs bouches sont inertes car il serait très compliqué de les faire bouger par un fil. En revanche les paupières sont mobiles. C’est l’avantage de l’animation image par image pratiquée par Starevitch et la plupart des animateurs : on peut créer toutes sortes de marionnettes (dont beaucoup en pâte à modeler) et les faire bouger à volonté en changeant les yeux, les bouches… Il n’y a aucune règle, on peut inventer ce qu’on veut avec les matériaux qu’on veut !

Le cinéma de marionnettes demande beaucoup de patience et de travail mais le résultat est souvent magique… et plaît toujours beaucoup ! Récemment, un film comme Ma vie de Courgette a attiré plus de 650 000 spectateurs dans les salles françaises ! Et gagné le César du Meilleur Film d’animation…

"Le Roman de Renard" de Ladislas Starevitch (1937)

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