La chèvre | lecrandumardi

Comédies

La Chèvre (1981)

Marie, la fille du grand PDG français Alexandre Bens, est particulièrement malchanceuse. Alors qu’elle est en vacances au Mexique, elle est enlevée par des malfaiteurs. Au bout d’un mois d’enquête, sans nouvelles, son père se décide à mettre en œuvre une proposition inédite du psychologue de son entreprise : envoyer sur ses traces un homme aussi malchanceux qu’elle, dans l’espoir qu’il vive les mêmes mésaventures et guide les enquêteurs pour la retrouver… C’est ainsi que le détective privé Campana se retrouve obligé de faire équipe avec François Perrin, un comptable dont les innombrables bourdes vont lui compliquer la tâche !

France / 1981/ 1 h 35 min.

Réalisateur(s) : Francis Veber

Acteur(s) : Pierre Richard, Gérard Depardieu, Corynne Charby,...

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1/3

En résumé

Francis Veber, l'as du scénario comique

Francis Veber, né en 1937, est issu d’une famille d’écrivains plus ou moins célèbres. Ses parents, qui ne sont pas très contents de leurs carrières respectives dans l’écriture (sa mère écrit des romans sentimentaux et son père est journaliste) tentent de le dissuader d’exercer ce métier. Mais après s’être lancé dans des études de médecine sans grand enthousiasme, le jeune Francis commence à écrire des articles de presse, puis quelques pièces de théâtre dans les années 60. L’une de ses premières pièces, Le contrat, met en scène un tueur à gages dont la mission est perturbée par un gêneur maladroit. La pièce sera adaptée ensuite au cinéma (en 1973) sous le titre L’emmerdeur avec Lino Ventura et Jacques Brel, ce qui lancera véritablement sa carrière d’auteur et de scénariste. Avec une recette immuable qui fera son succès…

C’est dans cette pièce en effet que Francis Veber imagine pour la première fois un personnage qu’il déclinera ensuite dans de multiples variations, lui donnant alternativement les noms de François Pignon ou de François Perrin. Voici ce que Francis Veber dit de son personnage, dans une autobiographie parue en 2010, Que ça reste entre nous : "Pourquoi ai-je choisi de l'appeler François Pignon ? Je l'ignore. Et pourquoi me suis-je attaché à ce nom au point de le faire porter par sept comédiens différents ? Je n'ai pas d'explication non plus. Toujours est-il que Pignon, personnage imaginaire et composite, a tenu plus de place dans ma vie que la plupart des gens « réels » que j'ai pu rencontrer. [...] Qu'il fût suicidaire dans L'Emmerdeur, malchanceux dans La Chèvre ou con dans Le Dîner, c'était toujours le même petit homme dans la foule, plongé dans une situation qui le dépassait et dont il parvenait à se sortir en toute inconscience".

Perrin/Pignon apparaît ainsi dans presque tous les films écrits et/ou réalisés par Veber : Le grand blond avec une chaussure noire, Le jouet, Les compères, La chèvre puis plus tard Le dîner de cons ou La doublure. Tous ces films sont entrés dans la liste des plus grands succès comiques du cinéma… On peut admirer la grande inventivité dont Francis Veber a fait preuve, car malgré la répétition de ses personnages, aucun film ne ressemble à l’autre ! Tous sont un peu des déclinaisons de la bêtise ordinaire, où d’ailleurs les imbéciles ne sont pas toujours ceux que l’on croit…

Duos célèbres du cinéma français

La chèvre fait partie de ces comédies cultes bien françaises dont le ressort comique repose avant tout sur la relation entre deux personnages très différents, embarqués dans des aventures qu’ils n’auraient jamais dû vivre. Ce comique peut être comparé à celui formé par les clowns dans certains cirques, avec le maladroit et effronté Auguste qui fait sans cesse échouer les plans du sage Clown Blanc.

Le premier duo célèbre de cinéma est le tandem Laurel et Hardy, qui se forme à la fin des années 20 aux États-Unis. Le petit Stan Laurel est souvent le souffre-douleur de l’imposant Oliver Hardy et ses tentatives de révolte forment le comique de leurs films. Par la suite, à Hollywood, les duos célèbres se retrouvent surtout dans le cinéma policier : L’arme fatale, Bad boys, Rush Hour…

En France, dans les années 60, les cinéastes cherchent à rassembler de grands acteurs comiques en jouant sur leurs différences. C’est ainsi que Bourvil et Louis de Funès seront rassemblés pour les films Le Corniaud (1964) puis La grande vadrouille (1966), qui seront parmi les plus grands succès de leurs interprètes. Le grand naïf et le petit nerveux ont fait recette ! Dans le même registre, on peut citer Christian Clavier et Jean Reno, fameux duo des Visiteurs…

Mais c’est surtout Francis Veber qui a poursuivi et rendu le genre populaire à partir des années 70… En effet, le comique seul de Perrin/Pignon ne fonctionnerait pas sans le contraste qu’il forme avec son compagnon de mésaventure. Dans La chèvre, c’est un détective brutal interprété par Gérard Depardieu. Il porte un nom que Veber attribuera encore à un personnage dans deux autres de ses films : Il était une fois un flic (1972 – joué par Michel Constantin) et Le Jaguar (1996 – joué par Jean Reno). Mais Francis Veber croit surtout à l’alchimie entre Gérard Depardieu et Pierre Richard. Toujours dans ses mémoires, il raconte la façon dont les deux hommes se sont rencontrés : il les avait invité tous les deux au restaurant et à la fin du repas, les vêtements de Depardieu étaient couverts de sauce tomate et de miettes d’œuf dur que lui avait involontairement envoyées Pierre Richard en mangeant… « Gérard a eu pour la première fois le regard incrédule de Campana sur Perrin. Mon couple était né ».

Figure célèbre du cinéma français, Gérard Depardieu a souvent joué des rôles de brute, sans doute à cause de sa carrure plutôt imposante mais aussi à cause d’un caractère pas si éloigné de ses personnages… Au moment de tourner dans La chèvre, personne n’avait pensé à lui donner un rôle comique, à part dans Inspecteur la bavure en 1980. Après le succès du film, les cinéastes n’hésiteront plus ! Francis Veber lui-même le fera tourner à nouveau avec Pierre Richard dans Les compères en 1983 puis Les fugitifs en 1986.

Pierre Richard est à l’inverse un habitué des personnages comiques, dans un registre burlesque et absurde qu’il a lui-même inventé dans le premier film qu’il a réalisé en 1970, Le Distrait. Sa collaboration avec Francis Veber démarre pour Le grand blond avec une chaussure noire, en 1972, dont Veber a écrit le scénario. Après le succès de ce film, Veber écrit une suite, Le retour du Grand Blond (1974) puis lui confie ensuite le premier rôle du Jouet, son premier long-métrage en tant que réalisateur (1976). Le personnage de doux dingue décrit plus haut par Francis Veber semble fait pour Pierre Richard et il est celui qui l’a le plus incarné ! Néanmoins d’autres acteurs sont restés célèbres dans le rôle, notamment Jacques Villeret pour Le dîner de cons (1998).

Enfin, dans La chèvre, il faut souligner la présence de Corynne Charby, qui n’est pas restée célèbre pour ses rôles au cinéma mais… pour ses chansons ! Elle est notamment l’interprète de Boule de flipper, un tube des années 80…