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Aventure

Les Aventures de

Robin des Bois (1938)

1191. Parti pour les croisades, le roi Richard Cœur de Lion est fait prisonnier par Léopold V d'Autriche qui demande une rançon. Plutôt que de payer, le Prince Jean, frère du roi, s'installe sur le trône d'Angleterre, aidé de son bras droit, l'infâme Charles de Gisbourne.

Robin de Locksley, jeune seigneur saxon et archer de grande valeur, refuse de reconnaître l'usurpateur normand et organise la résistance dans la forêt de Sherwood, pour sauver son roi et aider le peuple affamé…

En résumé

Etats-Unis/ 1938 / 1 h 42min.

Réalisateur(s) :  Michael Curtiz et William Keighley

Acteur(s) : Errol Flynn, Olivia de Havilland, Basil Rathbone

Robin des bois ou le renouveau du film d’aventures
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Robin des bois est un personnage légendaire de l’Angleterre du Moyen-âge, apparu d’abord dans des contes transmis par la tradition orale, puis dans des textes littéraires à partir du 15ème siècle. Robin a pris plusieurs formes au cours des siècles : d’abord simple paysan, il est devenu progressivement un noble, et de voleur il s’est transformé en défenseur des plus pauvres. Hollywood s’en est emparé dès 1912 mais la première version significative date de 1922, avec un grand acteur du cinéma muet spécialisé dans les rôles d’aventuriers, Douglas Fairbanks Senior. Mais à part dans quelques films le mettant en scène, le cinéma dit de « cape et d’épées » n’a pas encore le succès qu’il aura à la fin des années 30. En effet, après le crach boursier de 1929, l’Amérique est morose et les films racontent surtout des histoires de gangsters aux mœurs douteuses, d’adultères et de meurtres, qui finissent par choquer une partie du public. Du coup, quelques politiques obligent Hollywood à se moraliser. En 1933 est promulgué un code de bonne conduite, le Code Hays (du nom de son auteur) interdisant la représentation de scènes contraires à la morale. Les grands studios hollywoodiens cherchent donc de nouveaux sujets de films… Et se lancent dans des films à grand spectacle relevant d’autres genres tels la musique, le western ou encore l’aventure !

 

Le cinéma de cette époque, à Hollywood, est dominé par les producteurs. Ce sont eux qui décident de tout, de l’histoire et du rythme, qui recrutent ensuite les équipes mais gardent la main en permanence. Les frères Warner font partie de ces grandes figures qui ont forgé la légende de Hollywood… Ils découvrent qu’ils possèdent les droits d’adaptation d’une opérette de 1895 autour du personnage de Robin des Bois et en commandent un scénario. La réalisation en est confiée à un certain William Keighley, un réalisateur un peu oublié aujourd’hui, qui était à l’époque en contrat salarié pour le studio. Il démarre le tournage mais ses premières scènes ne convainquent pas les producteurs qui font appel à un autre cinéaste, Michael Curtiz. Aujourd’hui il serait inconcevable qu’un réalisateur ne soit pas le seul maître de son film mais à l’époque c’était assez courant de voir apparaître deux noms au générique !

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Michael Curtiz, de son vrai nom Manó Kertész Kaminer, est né en Hongrie et a migré aux Etats-Unis en 1926. Il est surtout célèbre aujourd’hui pour un film qu’il a réalisé en 1942, Casablanca. Mais en 1938 il vient de connaître le succès avec un autre film, Capitaine Blood (1935). Or le héros de ce film est joué par Errol Flynn, l’acteur choisi pour incarner Robin, l’héroïne par Olivia de Havilland, qui joue Lady Marianne, et le méchant par Basil Rathbone, le redoutable Gisbourne... Le fait qu’ils se connaissent facilite le tournage. Curtiz a aussi plus l’habitude des films de cape et d’épées, avec force combat et cascades, que son prédécesseur. Il apporte un souffle nouveau au film, en dirigeant ses équipes avec plus de fermeté.

Grâce à lui, grâce à son casting parfait (en particulier le couple que forment Errol Flynn et Olivia de Havilland), grâce à ses cascades et ses combats spectaculaires, Les aventures de Robin des bois devient l’un de ces classiques que l’on continue de regarder avec plaisir, toutes générations confondues. Du grand spectacle, de l’amour et de l’humour, que demander de plus ? Hollywood fonctionne toujours avec les mêmes recettes !

Et la couleur fut !
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Mais ce Robin des Bois est aussi l’emblème d’une grande révolution technologique : le cinéma en couleurs. Depuis 1927, le cinéma est parlant, ce qui s’est généralisé assez rapidement (voir la fiche de Chantons sous la pluie). La couleur n’était pas une idée nouvelle mais encore plus dépendante des capacités technologiques de l’époque. Aux débuts du cinéma, on peignait les pellicules à la main pour faire apparaître quelques éléments colorés, en général les costumes des personnages. Bien entendu, cela prenait beaucoup de temps et n’était guère pratique !

Il y eu ensuite plusieurs tentatives de coloration mais ce n’est que dans les années 20 qu’un homme, Herbert Kalmus, chimiste de formation, réussit à appliquer à l’image animée un système de filtres en 3 couleurs (bleu, rouge et vert) que l’on utilisait déjà pour colorer des photographies. Son système n’est vraiment au point qu’en 1928. Il le baptise Technicolor et fonde avec son épouse une société pour l’exploiter et le vendre à l’industrie du cinéma. Cela lui prendra un certain temps ! La faute d’abord à son coût très élevé. Outre un matériel lourd à manipuler à ses débuts, le Technicolor nécessitait beaucoup de lumière pour saisir la couleur et on devait ajouter d’énormes projecteurs, même en plein jour. De plus, les premiers films tournés en couleur ont mis du temps à convaincre, d’abord parce que les scénarios choisis étaient mauvais, mais aussi parce que le rendu était peu convaincant, avec des couleurs ternes ! Ce furent ainsi les reproches faits à Becky Sharp, premier long-métrage entièrement en couleurs, en 1935. Il fallut attendre 1937 et la sortie du film Une étoile est née sur la naissance d’une star à Hollywood, puis, surtout, de Blanche-Neige et les 7 nains, premier long-métrage en couleurs des studios Disney, pour que le public soit enfin enthousiaste.

Les producteurs de la Warner, convaincus du potentiel des Aventures de Robin des Bois, ont estimé qu’il valait la peine de payer le coût de la couleur… Et ont tout fait pour que celle-ci éclate ! Les costumes et les décors ont été choisis en conséquence, ce qui fait que le Moyen-âge représenté dans ce Robin des bois nous apparaît très coloré, ce qui n’était sans doute pas tout-à-fait la réalité historique…

Hollywood a ainsi immortalisé un Robin au costume vert (et en collants…), repris ensuite, par exemple, dans le dessin animé de Disney. Mais Kevin Reynolds en 1991 (Robin des bois, prince des voleurs) puis surtout Ridley Scott en 2010 (Robin des Bois) en ont donné une toute autre image ! Le héros lui-même n’a plus rien à voir avec le fanfaron au grand cœur incarné par Errol Flynn… Dans le film de Reynolds, il est un baron déchu revenant des croisades et accompagné d’un seigneur maure et musulman, en réponse à l’obligation faite alors à Hollywood de donner des rôles conséquents à des acteurs noirs. Dans celui de Scott, il est carrément un roturier usurpant l’identité d’un chevalier mort au combat, qui se retrouve malgré lui à la tête d’une armée de paysans en révolte contre le Roi.

Le personnage de Robin des bois, comme d’autres légendes, est ainsi le reflet de l’époque qui s’en empare… et ce n’est sûrement pas fini !

  • Sacré Robin des Bois ! de Mel Brooks (1993)

  • La Rose et la flèche de Richard Lester (1976)

  • Le dessin animé Robin des bois produit par Disney (1973)

  • Les Aventures de Robin des Bois de Michael Curtiz et William Keighley (1938)

  • Robin dans Shrek d'Andrew Adamson et Vicky Jenson (2001)

  • Robin des Bois de Ridley Scott (2010)

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Documentaire : Les premiers pas du cinéma - un rêve en couleur

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