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Cinéma d'animation

La ferme des animaux (1954)

Lassés des mauvais traitements, les animaux de la ferme du Manoir se révoltent contre Mr Jones, le fermier. Ils le chassent et proclament une nouvelle société où tous les animaux sont égaux. Mais les cochons, qui ont pris la tête de la révolte, décrètent bientôt que certains animaux sont plus égaux que d’autres…

Angleterre / 1954 / 1 h 10 min.

Réalisateur(s) :  John Halas et Joy Batchelor

En résumé
George Orwell contre le totalitarisme
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En 1945, George Orwell, un grand écrivain britannique, fait paraître un petit livre, La Ferme des animaux, dans lequel il dénonce les méfaits du totalitarisme, régime politique qui consiste à faire se concentrer tous les pouvoirs entre les mains de un ou quelques hommes. L’époque compte en effet beaucoup de prises de pouvoir qui ont mené à des dictatures. La plus célèbre est celle de Adolf Hitler en Allemagne, dont la folie des grandeurs avait conduit à la Deuxième Guerre Mondiale. Mais avant lui il y avait eu le général Franco en Espagne et aussi la Révolution de 1917 en Russie, dont la belle idée de départ s’était vite transformée en un régime totalitaire… C’est à cette soi-disant révolution donc, que George Orwell veut s’en prendre.

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Il imagine alors une histoire anthropomorphique, c’est-à-dire dans laquelle des animaux se mettent à adopter des comportements humains, pour dénoncer ce qu’il estime être une dangereuse manipulation. En effet, cette Révolution avait pour objectif de renverser le Tsar qui menait déjà une politique dure envers les habitants de son pays. Après l’avoir éliminé, les dirigeants de la Révolution (dont Lénine et Trotsky) avaient décidé de transformer le pays en une République communiste appliquant un principe d’égalité pour tous, avec mise en commun des biens de chacun pour qu’il n’y ait plus ni riches, ni pauvres, ni chefs, ni soumis… L’idée s’est vite révélée très compliquée à mettre en œuvre, car certains hommes ne peuvent s’empêcher de prendre le pouvoir et d’écarter leurs adversaires, en les faisant exécuter si besoin. Ce fut le cas de Joseph Staline, un simple révolutionnaire au départ mais qui fit éliminer progressivement ses adversaires pour diriger le pays. Il étendit son pouvoir après la deuxième guerre mondiale car il obtint des territoires en échange de l’aide qu’il avait apportée pour lutter contre Hitler. Les pays conquis devinrent « Le bloc de l’Est » où il fit installer des politiques proches de lui et instaurer un régime communiste certes, mais surtout dictatorial...

Privations de liberté, enfermement et déportation des opposants politiques, travail forcé pour tous afin de servir la grandeur du pays (mais l’enrichissement de certains) : en lisant le livre de Georges Orwell ou en regardant le dessin animé qui en est tiré, vous aurez une idée de ce que les habitants de ces pays ont pu subir pendant de longues années !!! Malgré la mort de certains dirigeants, dont Staline en 1953, ils n’ont pu retrouver un peu de liberté qu’après la chute du Mur de Berlin en 1989.

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Une adaptation financée par la CIA
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George Orwell écrit son roman en 1945, sentant Staline prendre le pouvoir. Cette première adaptation en dessin animé sort en 1954, un an après la mort de Staline mais surtout quatre ans après celle d’Orwell, qui s’était opposé au projet. Car le sujet du livre intéresse particulièrement la CIA (l'agence de contre-espionnage américaine) et Orwell fuyait toute récupération… En effet, l’alliance entre l’URSS et les États-Unis pendant la guerre s’est vite dégradée et les deux pays se mènent une « Guerre froide » sous forme d’opérations d’espionnage diverses, de soutiens opposés à des petits pays en guerre et surtout de développement d’une propagande destinée à dire du mal des uns comme des autres. Après la mort d’Orwell, un agent de la CIA contacte sa veuve et négocie son accord. Puis il cherche un producteur en Angleterre plutôt qu’aux États-Unis car il n’y imagine pas les studios prêts à adapter ce genre d’histoires. Disney remporte à l’époque un vif succès avec des films destinés aux enfants et adaptés plutôt de contes de fées… Le producteur choisi est Louis de Rochemont, qui propose à John Halas de réaliser le film.

Avec sa femme Joy Batchelor, ce dernier a créé en 1940 un studio d’animation portant leurs deux noms, Halas & Batchelor. Ils commencent par faire des films publicitaires puis le gouvernement britannique leur demande de créer des films de propagande destinés à encourager l’effort de guerre. A la fin de la guerre, ils créent des œuvres plus poétiques qui sont remarqués dans les festivals, comme par exemple Magic Canvas (La toile magique – 1948) qui parle de la relation entre l’esprit et le corps humain et de la liberté. Mais leur travail pour la propagande de guerre fait d’eux de bons candidats à l’adaptation de La ferme des animaux, et de manière générale leur cinéma s’adresse plus aux adultes, ce qui colle bien avec cette histoire qui comporte beaucoup de violence. La réalisation du film se déroule sur 3 ans, de 1951 à 1954 et mobilise 80 personnes. 300 000 dessins seront nécessaires. Le film est fait selon la technique traditionnelle du cellulo qui consiste à décomposer chaque mouvement des personnages sur des feuilles plastifiées superposées successivement sur un décor. Un narrateur accompagne le spectateur dans l’histoire et un seul acteur, Maurice Dunham, interprète toutes les voix du film, dont celles des cochons mais aussi les cris des  autres animaux.

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​On n'est pas chez Disney !

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Le film sort d’abord aux États-Unis puis en Angleterre, mais pas en France, ou il est jugé trop anti-communiste et où il ne sera montré qu’en 1990, soit 36 ans plus tard. Malgré son alliance avec les États-Unis, la France a mis longtemps à reconnaître les dégâts causés par le régime communiste. Aujourd’hui on le trouve facilement en DVD (et même en intégralité sur YouTube) et il est régulièrement montré, notamment aux collégiens qui travaillent sur le roman… Mais on ne peut pas dire que ça ressemble à du Disney et que ça soit tout public !!

Le film n’est pas une adaptation exacte du roman d’Orwell. La fin en particulier laisse entrevoir un espoir de victoire sur le totalitarisme que ne donnait pas le livre. On y retrouve presque tous les animaux dans leurs rôles même si certains personnages ont disparu. Les cochons sont ceux qui prennent le pouvoir car ils sont désignés comme les plus intelligents et ce sont les seuls qui parlent. Parmi eux, César (Napoléon dans le livre) est une représentation de Staline. Boule-de-Suif (Boule de neige dans le livre) est Léon Trotsky, le théoricien idéaliste que Staline fera chasser puis tuer. Les animaux ont un hymne qui est une image du chant « L’internationale » que Staline décidera de ne plus utiliser en 1944. Les droits des animaux changent au fur et à mesure comme le furent ceux des humains sous son pouvoir… Même si la façon dont Orwell le raconte est tout-à-fait fictive !

Le livre comme le film sont des œuvres politiques, destinées à affirmer l’opinion de leurs auteurs, qui utilisent des images pour convaincre. Cela fonctionne, on sort plutôt choqué de la lecture du livre ou de la vision du film…

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George Orwell à la BBC (radio nationale anglaise) en 1940

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