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Science-Fiction

The Truman show (1998)

Truman Burbank mène une vie calme et heureuse. Il habite dans un petit pavillon propret de la radieuse station balnéaire de Seahaven. Il part tous les matins à son bureau d'agent d'assurances dont il ressort huit heures plus tard pour regagner son foyer, savourer le confort de son habitat modèle, la bonne humeur inaltérable et le sourire mécanique de sa femme, Meryl. Mais parfois, Truman étouffe sous tant de bonheur. Il se sent de plus en plus étranger, comme si son entourage jouait un rôle. Pire encore, il se sent observé…

Attention spoiler ! Film à voir avant de lire la fiche !

En résumé

États-Unis / 1998 / 1 h 39 min.

Réalisateur(s) :  Peter Weir

Acteur(s)Jim Carrey, Laura Linney, Noah Emmerich, Ed Harris...

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Genèse du film 
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The Truman Show est né de l’imaginaire d’Andrew Niccol, un cinéaste d'origine néo-zélandaise qui, après avoir réussi dans la pub en Angleterre, s'exile aux États-Unis pour tenter sa chance dans le cinéma. C'est en 1991 qu'il a l'idée de ce qui deviendra The Truman show. Il rédige une page de script intitulée The Malcolm Show. Bien qu’il s’en défende, son histoire fait beaucoup penser à celle d'un épisode d'une série TV célèbre à l'époque, La quatrième dimension (The Twilight zone). L'épisode en question, diffusé en 1989, s'intitule Souriez, vous êtes filmé. Il raconte l'histoire d'un certain John Sellig qui découvre un jour que sa vie est filmée et que les gens la regardent 24 h sur 24... Son inspiration vient plus certainement d’une bonne analyse de la télévision et du pouvoir de l’image. En tant qu’ancien publicitaire, il est bien placé pour connaître les ficelles du placement de produit, l’un des thèmes fort du film !

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Andrew Niccol caresse l'espoir de réaliser lui-même le film et en parle à un producteur, Scott Rudin, qui revend son projet à la Paramount. Mais les studios le trouvent trop inexpérimenté. Dommage car quelques années plus tard, Niccol réalisera comme premier film Bienvenue à Gattaca, chef d’œuvre de la science-fiction dans lequel il révèle tout son talent... Sans doute aurait-il été aussi excellent sur The Truman show !

Heureusement, le réalisateur retenu n'est pas moins talentueux. Après avoir sollicité Brian de Palma et Bryan Singer mais sans trouver d'accord avec eux, la Paramount contacte Peter Weir. Ce dernier, d'origine australienne, s'est fait connaître en 1982 avec L'année de tous les dangers où il dirigeait Mel Gibson et Sigourney Weaver dans un film très politique autour d’un massacre en Indonésie. Son second film, Witness (1985) est tout aussi émouvant et dérangeant : Harrison Ford y interprète un policier protégeant un témoin au sein d’une communauté religieuse très fermée, les Amish. Mais son plus gros succès est, en 1989, Le Cercle des Poètes Disparus, film magnifique sur les difficultés d’un professeur aux méthodes d’enseignement peu communes dans une grande école stricte. Ce film révèle au monde les talents dramatiques de l’acteur Robin Williams, jusqu’ici plutôt habitué aux rôles comiques.

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Le talent désormais reconnu de Peter Weir pour mêler drame et comédie peut tout-à-fait convenir à l'histoire de Niccol. Il restait ensuite à trouver l'acteur parfait pour incarner Truman. Robin Williams est pressenti mais Peter Weir lui préfère Jim Carrey, un acteur encore plus marqué dans la comédie que Williams. Jim Carrey est connu en effet à l’époque pour de grosses comédies familiales : Ace Ventura, The Mask, Dumb and Dumber… Certes, son nom seul peut suffire à attirer le public mais saura-t-il convaincre dans un rôle plutôt dramatique ? Indéniablement oui : le succès que le film va connaître lui est largement dû, Carrey est parfaitement crédible en jeune homme naïf qui prend peu à peu conscience de la manipulation dont il fait l’objet. Néanmoins la production multiplie les séances de projection pour la presse avant la sortie du film pour convaincre les critiques de ce choix ! La sortie du film est donc précédée d’un bon bouche-à-oreilles positif. Le succès est immédiat, le film reste premier au box-office américain pendant plusieurs semaines et finit naturellement bardé de prix : Golden Globes, Oscars, BAFTA…

Un film en avance sur son temps 
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Andrew Niccol situe l’histoire de son film en 2020, ce qui en fait donc un film d’anticipation. Mais pour nous, 2020, c’est dans pas très longtemps… Et ce qui est devenu aujourd’hui la télé-réalité ne cesse de se développer sur nos petits écrans. En 1999, on en était au début.

Dans une interview de 1998 au journal l’Express, Peter Weir fait des rapprochements avec la télévision et les images qu’elle diffuse à son époque. Il cite notamment la Guerre du Golfe (guerre de plusieurs pays occidentaux contre l’Irak en 1990 et 1991), disant que pendant cette période « la télévision a déversé un tel flot d'images sans les ordonner ni les structurer qu'il est devenu impossible de différencier l'info de l'intox ». Son film veut rappeler qu’il faut toujours se méfier des images et de la réalité telle qu’elle y est montrée. D’autres films exploitent cette thématique à la même époque : Des hommes d’influence de Barry Levinson en 1997 (une agence de communication monte une fausse guerre pour faire oublier les aventures amoureuses du président américain), En direct sur Ed TV de Ron Howard en 1999 (un homme se retrouve star d’une émission mettant en scène sa vie privée)…

Cependant dans l’histoire de Truman ce n’est pas tant le spectateur qui est trompé que le sujet de l’émission, ce pauvre Truman (True-Man = l’homme vrai) ignorant tout de ce qui lui arrive. La monstruosité du propos réside dans cet enfermement dans lequel on le confine : une prison dorée certes, mais une prison quand même, puisque tout est fait pour qu’il y reste, au nom d’intérêts financiers. Cette façon de se faire de l’argent et de la gloire sur le dos d’êtres humains n’est pas si éloignée des émissions actuelles enfermant des candidats, même volontaires... On peut citer la plus célèbre d’entre elles, Loft Story, dans laquelle des hommes et des femmes souvent jeunes et beaux sont enfermés plusieurs semaines dans une maison et progressivement éliminés par les spectateurs en fonction de ce qui s’y passe. Le jeu est un concept néerlandais appelé Big Brother, en hommage au roman de Georges Orwell, 1984. Dans ce roman écrit en 1949 et dénonçant les dictatures, les hommes sont en permanence surveillés par le chef de leur pays, un certain Big Brother, au moyen de "télécrans" installés dans chaque foyer…

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La première émission de Big Brother démarre en 1999, année de la sortie de The Truman show. Et rencontre immédiatement un gros succès ! Puis les spectateurs se lassent et passent à d’autres concepts, spectaculaires ou pas… Du moment que l’audimat fonctionne, que les marques payent pour y diffuser de la publicité et que l’argent rentre, les questions morales que peuvent éventuellement soulever ce genre d’émissions sont ignorées de leurs producteurs. Il y en a pourtant : jusqu’à quel point exposer la vie privée de quelqu’un, même volontaire ? Quel impact cela peut-il avoir ensuite dans son quotidien ? Pourquoi les spectateurs se comportent-ils en voyeurs ? Quel intérêt trouvent-ils à ces émissions ? Que révèlent-elles sur notre société ?

La fin de The Truman show donne en tous cas le point de vue des auteurs du film : quand Truman quitte l’émission, les spectateurs se demandent ce qu’il y a à voir sur d’autres chaînes. D’un spectacle à l’autre, le public semble n’être jamais rassasié d’images et d’émotions… A méditer !

Jim Carrey et Peter Weir sur le tournage de The Truman Show

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