Science-Fiction
La Planète des singes (1968)
Etats-Unis / 1967 / 1 h 50 min.
Réalisateur(s) : Franklin J. Schaffner
Acteur(s) : Charlton Heston, Roddy McDowall, Kim Hunter...
Parti en 1972 avec à son bord quatre membres d'équipage, l'engin spatial américain Icare s'écrase en l'an 3978 sur une mystérieuse planète, au cœur d'une région désertique. Les trois survivants du crash, le capitaine George Taylor et ses lieutenants découvrent très vite que ce monde est peuplé d'hommes primitifs dominés par une race de singes très évolués. Ceux-ci organisent régulièrement des rafles parmi les hommes. Pris dans l’une d’entre elle, Taylor est le seul rescapé. Sa vie ne tient alors plus qu'à la bienveillance de Zira et Cornélius, deux jeunes chimpanzés scientifiques, persuadés qu'il est le fameux chaînon manquant de l'histoire de l'évolution. Ils devront franchir la "zone interdite" pour prouver la véracité de leur théorie…
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Du nouveau dans la SF
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Ce film est le premier d'une longue série... Les singes et leurs planètes sont en effet l'une des sagas les plus rentables du cinéma, encore exploitée aujourd'hui ! Ça n'était pourtant pas gagné...
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Comme beaucoup d'histoires au cinéma, tout a commencé par un roman. Cocorico, c'est un français qui en est l'auteur, un certain Pierre Boulle, né en 1912 et mort en 1994, un héros de la 2nde Guerre Mondiale devenu écrivain au début des années 50. Il s’intéresse d’abord au roman d’aventures qu’il alimente de sa propre expérience en Indochine pendant la guerre. En 1952 sort ainsi le livre qui le rendra célèbre: Le pont de la Rivière Kwai, dont Hollywood s’empresse d’acheter les droits pour un film qui sortira en 1957. Puis, en 1963, Pierre Boulle bascule dans la science-fiction avec La Planète des singes qui connaîtra également un succès immédiat, en particulier aux États-Unis et à nouveau à Hollywood... Pierre Boulle fut un auteur très prolifique (il a écrit près de 25 romans) mais ces deux œuvres, grâce à leur succès au cinéma, restent ses plus connues !
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Cependant, au cinéma, en ce milieu des années 60, la science-fiction n’a pas bonne réputation, car le genre est souvent le fait de films à petit budget, dit de série B, voire de série Z pour les plus fauchés. Ces films développent presque tous la même thématique : la conquête spatiale, la menace atomique ou encore la peur de l'envahisseur, en utilisant les mêmes décors recyclés et de mauvais effets spéciaux (les soucoupes volantes sont de véritables assiettes transformées en vaisseaux spatiaux...).
L'histoire de la Planète des singes introduit un univers différent, qui se passe sur une autre planète ressemblant beaucoup à la nôtre... Afin de mieux la critiquer ! Le roman puis le film appartiennent à un genre en train de naître dans l'univers de la science-fiction, appelé "dystopie", initié notamment par Aldous Huxley en 1932 (Le meilleur des mondes) puis Georges Orwell en 1949 (1984). La dystopie est le contraire de l'utopie: au lieu d'imaginer un monde vraiment meilleur, on en imagine un dans lequel le bonheur des humains est fortement contrarié. C'est encore très à la mode aujourd'hui. Des films d'ados célèbres, Hunger games, Divergente, ou encore Le labyrinthe sont de pures dystopies !
Un projet difficile à mener
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A la sortie du livre donc, un jeune producteur débutant et visionnaire, Arthur P. Jacobs, y voit l’occasion de faire un grand film de studio. Il contacte un premier studio, la Warner Bros, qui demande à un scénariste spécialiste du genre, Rod Serling, créateur de la série télévisée La quatrième dimension, de retravailler l'histoire pour la rendre cinématographique. Il ébauche une dizaine de versions de scénarios mais aucune ne semble faire l’adhésion. Il quitte le projet, et c'est finalement un autre scénariste, Michael Wilson, qui concrétise l'histoire finale.
Les studios cherchent également une vedette pour incarner le rôle principal et attirer le public. Charlton Heston est alors la star des superproductions et en particulier des péplums, avec Les Dix commandements en 1956 et surtout Ben-Hur en 1959. Il accepte le rôle et c'est lui qui suggère Franklin J. Schaffner pour le réaliser car il sort d'un autre tournage avec lui. Mais la Warner prend peur devant le coût supposé du film et se retire du projet ! Arthur P. Jacobs fait alors tourner une scène test, dont les maquillages finissent de convaincre un autre producteur, Richard D. Zanuck, directeur de la 20th Century Fox. C’est finalement ce studio qui lancera le projet avec un budget de départ de 6 millions de dollars. En comparaison, la version de Tim Burton en 2001 a coûté près de 100 millions de dollars...
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Ainsi, entre les premières démarches du producteur Arthur P. Jacobs et le tournage effectif du film, près de 4 ans se sont écoulés. C’est un bon exemple du système de production et de réalisation d’un film: ça ne se fait pas en 5 minutes et de nombreuses personnes réfléchissent avant de s’engager. Car le succès n’est jamais garanti !
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Pour celui-ci en tous cas, le pari est gagné et la recette fonctionne : le film rapporte 22 millions de dollars aux États-Unis. La Planète des singes est l'un des premiers films à vendre des produits dérivés à une grande échelle : figurines, jouets, livres, jeux de cartes, disques, bandes dessinées... Mais c'est surtout l'un des premiers à faire l'objet d'une suite – ce qui est plutôt mal vu à l'époque – avec Le Secret de la planète des singes dès 1970 (2 ans après). Charlton Heston y est d'abord fermement opposé mais accepte finalement de revenir, à condition que son personnage y meure, pour ne pas tourner d'autres volets. Cela se traduit par l'explosion de la planète, et du coup, l'histoire des trois films suivants se déroule avant le premier. La Fox tourne ainsi Les Évadés de la planète des singes en 1971, dont les héros principaux sont les singes Zira et Cornélius. Suivent ensuite La Conquête de la planète des singes (1972), qui révèle comment les singes ont pris le pouvoir, puis La Bataille de la planète des singes (1973), épisode qui voit les humains et les singes vivre en paix. Enfin, en 1974, une série télévisée est créée, nommée également La Planète des singes mais complètement indépendante de la série de films et qui s'arrête rapidement faute de succès. Il y aura encore une série d'animation en 13 épisodes puis se passe une longue période sans singes, le public étant passé à un autre monument de la science-fiction, Star Wars...
En 2001 enfin, Tim Burton réalise un reboot, nommé à nouveau La planète des singes, mais qui donne une autre vision de l'histoire, la fin en particulier. Puis en 2011 sort La Planète des singes : les Origines et sa suite en 2014. Il s'agit là encore d'un reboot, mais des autres films de la saga, ceux qui expliquent comment les singes en sont arrivés là... Les singes n'ont sûrement pas fini de nous envahir !
La planète des singes en 1967, 1970, 2001 et 2016
Pierre Boulle, l'auteur du roman