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Cinéma muet

The Artist (2011)

France / 2011 / 1 h 40 min.

Réalisateur(s) :  Michel Hazanavicius

Acteur(s) :  Jean Dujardin, Bérénice Bejo, John Goodman,…

À Hollywood, en 1927, George Valentin est un acteur très célèbre du cinéma muet, auquel le succès est un peu monté à la tête. Peppy Miller est une jeune femme venue tenter sa chance dans le cinéma. Un jour, elle bouscule accidentellement George Valentin dans un mouvement de foule et se dernier, pas rancunier, se fait prendre en photo avec elle. A la une d’un célèbre magazine, la starlette se fait repérer et peut démarrer comme figurante… Petit à petit les rôles s’enchainent pour Peppy. C’est alors que les producteurs veulent lancer le cinéma parlant. Mais George Valentin n’y croit pas et refuse de s’y mettre. Progressivement, les studios l’oublient tandis que Peppy brille…

En résumé
Refaire un film muet au 21ème siècle, le pari fou d’un homme…
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The Artist est un projet entièrement porté par son réalisateur, Michel Hazanavicius. Amoureux du cinéma depuis sa plus tendre enfance, il fait ses études dans une école d’art puis démarre à la télévision en 1988, sur Canal + pour l’émission des Nuls (célèbre émission parodique avec notamment Alain Chabat, demandez à vos parents de vous montrer sur YouTube…). Cette expérience télévisuelle lui permet de se faire quelques relations et il travaille progressivement à différents projets : publicités, sketchs et films parodiques dont Le grand détournement (1993) et enfin des courts-métrages pour le cinéma, puis un premier long, Mes amis, qui ne rencontre pas le succès. C’est seulement en 2006 que sa carrière décolle avec une comédie dans laquelle il fait déjà jouer Jean Dujardin : OSS 117 : Le Caire, nid d’espion. Librement inspiré d’une série de romans d’espionnage, OSS 117 est l’anti James Bond : s’il partage avec ce dernier un certain pouvoir de séduction, il est en revanche parfaitement crétin et ne doit son salut qu’à la chance et quelques jolies femmes débrouillardes. Il enchaine avec un deuxième opus, OSS 117 : Rio ne répond plus, qui connaît le même succès (2009). Mais l’idée de faire un film muet pour rendre hommage aux pionniers du cinéma lui trotte dans la tête depuis longtemps…

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… qui entraine une équipe vers les plus hautes récompenses !
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Réaliser The Artist présente de nombreux défis : l’époque du muet est bien loin et plus personne ne sait trop comment faire. Michel Hazanavicius doit d’abord s’astreindre à écrire un film sans dialogues. Il faut alléger l’écrit pour qu'il n’en reste que les "cartons", ces fameux textes sur fonds noir qui permettaient au public d’avoir un élément de dialogue, une explication sur une scène du film ou sur quelque chose qui se déroule en dehors de la caméra… Avec le cinéma muet, le metteur en scène se voit imposer une manière spéciale de raconter une histoire. C’est un cinéma où tout passe par l’image : grâce à elle des signes sont envoyés au spectateur, il faut savoir organiser ces signes.

Les acteurs aussi doivent apprendre à jouer sans parler. Il faut miser sur la gestuelle et l’expression du visage pour faire comprendre les émotions ressenties par les personnages. Jean Dujardin s’est beaucoup inspiré d’un grand acteur du muet, Douglas Fairbanks. Et il a dû apprendre à faire des claquettes !

D’autres professionnels ont dû également revoir leur manière de travailler : le directeur de la photographie (qui est responsable de l’éclairage et de la prise de vue) a dû s'habituer au noir et blanc, le compositeur de la musique a été obligé d'écrire une partition tenant toute la durée du film, avec des variations devant permettre de comprendre la diversité des émotions...

 

Cependant le pari est réussi et le film rencontre un succès qui dépasse les espérances de son réalisateur et de son producteur ! Thomas Langmann parvient d’abord in extremis à l’intégrer dans la compétition du Festival de Cannes. Le film y reçoit un excellent accueil et le prix d’interprétation masculine est décerné à Jean Dujardin. Mais l’aventure est loin d’être finie…
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L'équipe de The Artist aux Oscars en 2012

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Avant même cette projection cannoise, un autre producteur et distributeur, américain cette fois, Harvey Weinstein (c'est bien celui qui a des soucis avec la justice en ce moment...), avait misé sur son succès en achetant les droits pour la distribution aux États-Unis. Avec ce film, il compte rafler des récompenses aux Oscars… Oui, oui, un film français dans cette compétition très américaine, c’est possible ! A coup de campagnes de publicités coûteuses et de lobbying intense auprès des décideurs d’Hollywood, Harvey Weinstein réussit à mettre The Artist dans la course aux Oscars… Et c’est le pactole ! Le film remporte cinq statuettes : Meilleur film (Thomas Langmann), Meilleur réalisateur (Michel Hazanavicius), Meilleur acteur (Jean Dujardin), Meilleure musique (Ludovic Bource) et Meilleurs costumes (Mark Bridges).

 

C’est donc le premier film français à recevoir l’Oscar du meilleur film, ce qui n’a pas été sans créer quelques polémiques au sein du milieu du cinéma. Certains critiques ont ainsi souligné que le film a été conçu et calibré pour plaire aux spectateurs américains. En effet ! Michel Hazanavicius a choisi délibérément de rendre hommage aux mélodrames américains des années 20 ; l’histoire du film se déroule aux États-Unis et a d’ailleurs été tourné là-bas, à Los Angeles. Les mouvements de lèvres évoquent plus souvent l’anglais que le français même si chaque acteur a pu improviser son « faux » dialogue dans la langue de son choix, anglais (presque tous les acteurs sont américains) ou français.

Mais il n’y a pas qu’aux Oscars que le film a été récompensé puisqu’il a reçu 105 récompenses pour 183 nominations ! Même Uggie le chien a eu sa récompense, une Palme Dog décernée à Cannes… C’est donc que le pari a plu, on espère qu’il en sera ainsi longtemps !

Sauf que personne n’y croit, même pas son ami Jean Dujardin qui refuse dans un premier temps de jouer dans un muet. Il ne trouve pas non plus de financement jusqu’à ce que le producteur Thomas Langmann (Le boulet, Astérix aux jeux olympiques…) s’y intéresse. Rassuré, Michel Hazanavicius se lance dans l’écriture de son film.

Il pense d’abord à un film d’espionnage mais finalement se tourne vers le mélodrame, grand genre des années 20 encore très populaire aujourd’hui. Il regarde de nombreux films de cette époque, fait des recherches historiques et s’inspire finalement d’un film de la fin des années 30, Une étoile est née, de William Wellman, qui raconte l’histoire d’une jeune provinciale tentant sa chance à Hollywood et qui tombe amoureuse d’un acteur dont la carrière, à l’inverse, est sur le déclin. Ce film s’inspire lui-même de la vie tragique de deux acteurs : John Barrymore, dont l’alcool détruisit la santé et le succès, et surtout John Gilbert qui ne réussit jamais le passage du muet au parlant et mourra prématurément, complètement ruiné et oublié.

Jean Dujardin et Bérénice Bejo dans

"OSS 117 : Le Caire, nid d'espions"

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