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Cinéma d'animation

Tokyo Godfathers (2003)

Gin, un homme ruiné, Hana, un transexuel sentimental et Miyuki, une adolescente fugueuse, vivent dans la rue. Un soir de Noël à Tokyo, les trois sans-abris trouvent un bébé au milieu des ordures et une clé de consigne de gare dans son couffin. Ils décident alors de retrouver la mère du nouveau-né, qu'ils appellent Kiyoko (= enfant pur) en attendant. Mais, ce qu’ils ne savent pas, c’est que cette recherche va les lancer dans une formidable aventure qui les confrontera en six jours à leurs passés respectifs…

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En résumé

Japon / 2003 / 1 h 32 min.

​Réalisateur(s) :  Satoshi Kon

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Satoshi Kon ou le cinéma d’animation pour adultes
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Satoshi Kon fait partie de ces grands auteurs du cinéma d'animation japonais, célèbre en son pays et reconnu internationalement. Mais le jeune public que vous êtes en ignore tout car son œuvre ne vous est, à priori, pas destinée… Sa carrière fut relativement courte puisque il est malheureusement décédé d’un cancer en 2010, à 47 ans. Les quelques films qu'il a réalisé ont pourtant influencé considérablement le petit milieu de l'animation japonaise. Dès son premier long-métrage, Perfect Blue (1997), il affirme un style et un langage clairement destinés aux adultes. Il est l'un des cinéastes qui a contribué à faire définitivement sortir le cinéma d’animation de son étiquette "jeune public".

Avant lui toutefois, d’autres auteurs japonais s’étaient lancés sur ce créneau adulte, un mouvement impulsé d’abord dans la bande dessinée, puis rapidement sur les écrans de télévision et de cinéma. Au Japon, la plupart des
mangas à succès font l’objet d’une adaptation en série animée, et inversement. Le manga comme l’animation sont très populaires chez tous les publics. C’est beaucoup moins le cas en Europe où l’on a tendance à croire le dessin animé réservé aux enfants ! Alors que bizarrement, notre bande dessinée est plutôt destinée aux adultes…

La jeunesse de Satoshi Kon se déroule donc dans les années 70, alors que les séries télévisées sont en plein développement. Ce phénomène a été appelé
"l'anime boom" : la première série à marquer les esprits est Yamato, en 1974, qui raconte les aventures d'un cuirassé de l'espace et de son équipage dans leurs découvertes de mondes extraterrestres, et dont Satoshi Kon est un grand fan. Elle est l’œuvre de Leiji Matsumoto, qui créera ensuite les célèbres Albator et Galaxy Express 999.

 

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Ces séries sont plus destinées aux adolescents qu'aux enfants. En France, leur succès intéresse les chaînes de télévision mais elles les diffusent dans des émissions pour la jeunesse comme Récré A2 puis le Club Dorothée, avec parfois de grosses erreurs dans le public visé... Ainsi, la série Ken le survivant, violente et sanglante, n'était pas du tout destinée à un jeune public, et de nombreuses associations familiales ont demandé (et obtenu) son retrait de l'émission de Dorothée !
Aujourd’hui ces séries et leurs équivalents en manga sont beaucoup mieux identifiés. Les fans de manga savent clairement distinguer ce qui relève du
shonen (pour les ados garçons) ou du shojo (les ados aussi, mais les filles), puis ensuite du seinen (jeunes adultes plutôt masculin) et son équivalent féminin le josei et toutes les déclinaisons érotiques pour adultes uniquement (hentai)… Bien entendu, il n'est pas interdit à un garçon de lire du shojo et inversement ! Mais cette détermination entraîne des codes graphiques et des histoires typiques à chaque genre. Et celles-ci s'exportent bien ! Aujourd'hui des mangas comme Naruto ou One Piece (du shonen) sont en tête des ventes de BD en France.

 

Mais revenons à la carrière de Satoshi Kon. A sa sortie du lycée en 1982, il intègre une école de design visuel dans la banlieue de Tokyo. A la fin de ses études, il commence à dessiner des mangas et parvient à se faire remarquer par l'auteur qu'il admire le plus, Katsuhiro Otomo, le créateur d’Akira. Ce dernier le fait travailler sur l'adaptation animée de son œuvre puis sur d'autres projets, dont le remarquable Memories (1995). Dans ce film constitué de trois court-métrages, Satoshi Kon réalise le scénario et les décors de Magnetic rose, une belle histoire d'amour dans un vaisseau spatial.


En 1997, un studio cherche à adapter un roman policier à succès et Otomo le recommande pour la réalisation. Pas de science-fiction donc cette fois mais un pur thriller très angoissant : Perfect Blue raconte l'histoire d'une jeune chanteuse poursuivie par un fan devenu un tueur en série parce qu'elle a voulu stopper sa carrière pour faire du cinéma... Interdit en France aux moins de 12 ans, Perfect Blue fait partie de ces œuvres qui éloignent définitivement le cinéma d'animation d'un commerce international dominé par Disney et ses créatures rondes pour le jeune public. Place aux films pour adultes ! Les japonais en seront fortement pourvoyeurs. Même les célèbres Miyazaki et Takahata ne revendiquent pas spécialement le fait de faire un cinéma pour les enfants. Le tombeau des lucioles (Isao Takahata – 1988) ou Princesse Mononoké (Hayao Miyazaki – 1997) parlent de sujets graves et certaines scènes peuvent profondément déranger les trop jeunes enfants !

 

 

 

 

 

 

 

 



Bien entendu, dans le cinéma pour les grands, certains films sont accessibles aux ados que vous êtes. C’est le cas de ce Tokyo Godfathers, qui est le troisième film de Satoshi Kon, après Millennium actress en 2002. C’est la seule comédie qu’il réalise et son propos est aussi plus universel. Ces trois clochards pourraient vivre aussi bien à New-York ou Paris qu’à Tokyo.

Dans Perfect Blue, Satoshi Kon dénonce un fanatisme très japonais, celui des otaku, des jeunes (souvent) déconnectés de la réalité et qui ne vivent que pour et par leur idole. Millennium actress est aussi l’histoire d’une actrice, sous forme cette fois d’un portrait assez compliqué dans laquelle son histoire se mêle à celle d’une femme ayant vécu mille ans plus tôt. Enfin, Paprika, son dernier long-métrage (2006), est encore plus difficile à suivre pour un public européen car bourré de références à des figures fantastiques issues des traditions japonaises.
Rien de tout cela dans Tokyo Godfathers, dont l’histoire est bien ancrée dans notre réalité. Une réalité dramatique malgré tout, sur fond de misère et de drame amoureux, que Satoshi Kon parvient à rendre
poétique. La magie de Noël sans doute !


 

Yamato (1974) et Albator (1978) et leur créateur Leiji Matsumoto

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